Mieux réguler l'usage des antibiotiques pour les animaux d'élevage
Pas moins de trois articles publiés dans le dernier New England Journal of Medicine s'intéressent aux conséquences des antibiotiques utilisés pour l'élevage des animaux destinés à la consommation humaine. Conduits surtout aux Etats-Unis, ces travaux montrent que la présence d'organismes pathogènes résistants n'est pas rare. Ces résistances, vraisemblablement imputables aux antibiotiques utilisés pour l'élevage, soulignent le besoin d'un contrôle précis de leur utilisation dans ce cadre.
Dans un premier article, White et al. ont étudié la présence de salmonelles dans des échantillons de viandes (poulet, bœuf, porc) mises en vente dans des supermarchés.
Parmi les 200 échantillons, 20 % ont révélé la présence de salmonelles dont 13 sérotypes différents. Concernant les résistances, 84 % des isolats étaient résistants à au moins un antibiotique et 53 % à au moins trois antibiotiques. "Seize pour cent des isolats étaient résistants à la ceftriaxone, le médicament de choix pour traiter les salmonelloses chez les enfants".
Ces données montrent donc que les salmonelles sont fréquentes outre-Atlantique dans la viande destinée à la consommation. En raison des conséquences possibles des résistances portées par ces bactéries, les auteurs proposent une mise à jour de la législation pour une "utilisation prudente" des antibiotiques pour les animaux d'élevage. De plus, il apparaît nécessaire de mieux contrôler la présence de ces pathogènes dans les fermes et abattoirs.
Une deuxième publication rédigée par McDonald et al. concerne plus précisément l'apparition de résistances en relation avec l'utilisation d'antibiotiques en élevage.
Ces auteurs rappellent tout d'abord qu'une combinaison de streptogramines (quinupristine-dalfopristine) a été approuvée il y a deux ans aux Etats-Unis pour le traitement des infections à Enterococcus faecium résistant à la vancomycine.
"Depuis 1974, une autre streptogramine, la virginiamycine, été utilisée à des concentrations subthérapeutiques pour promouvoir la croissance des animaux de fermes, notamment les poulets", expliquent les auteurs qui en ont examiné l'impact.
Les échantillons de 407 poulets obtenus dans des supermarchés de quatre Etats ont montré qu'au moins 17 % des poulets de chaque Etat seraient porteurs de souches d'E. faecium résistantes à la combinaison quinupristine-dalfopristine. Etant donné que les échantillons avaient été prélevés avant l'autorisation de la combinaison quinupristine-dalfopristine, ces résistantes semblent résulter de l'utilisation de la virginiamycine en élevage.
On peut légitimement se demander quelles en sont les conséquences pour le consommateur. A ce sujet, l'étude de McDonald et al. indique que sur 334 échantillons de selles analysés, 1 % étaient porteurs de souches d'E. faecium résistantes à la combinaison quinupristine-dalfopristine, avec un degré de résistance inférieur à celui retrouvé chez les poulets.
Même si ces résultats ne prouvent pas la transmission alimentaire d'E. faecium résistants, ils indiquent que les antibiotiques pour l'élevage pourraient avoir des conséquences directes sur la population.
Enfin, une troisième étude parue dans le NEJM montre que la consommation d'E. faecium résistants présents dans des aliments peut conduire à une multiplication de ces bactéries chez l'hôte. On peut alors les retrouver de façon transitoire dans les selles.
Source : N Engl J Med 2001;345:1147-54, 1155-60, 1161-66
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