Ces morts qui bougent
Des mouvements spontanés des doigts, des orteils, voire des bras, imputables à des réflexes médullaires, peuvent survenir chez des personnes en état de mort cérébrale. Tel est l’étonnant constat de deux études, argentine et espagnole, publiées dans la très sérieuse revue Neurology.
L’étude dirigée par le Dr José Bueri du J.M. Ramos Mejia Hospital de Buenos Aires (Argentine), qui s’est déroulée sur 18 mois, a porté sur 38 patients consécutifs en état de mort cérébrale. Quinze (39 %) d’entre eux ont présenté des mouvements dans les 24 heures qui ont suivi le diagnostic de mort cérébrale. Aucun mouvement n’a été observé après un délai de 72 heures.
Certains des mouvements étaient spontanés, d’autres provoqués par le toucher, notamment celui de la paume de la main. L’électroencéphalogramme n’a, à aucun moment, montré un quelconque signe d’activité cérébrale. Il apparaît que ces mouvements ont pour origine des réflexes qui ont pour point de départ la moelle épinière.
Le mouvement le plus saisissant pour les membres de la famille et le personnel soignant est sans doute " le signe de Lazare ", ainsi nommé car il pourrait faire croire à une résurrection. Il se traduit chez certains patients en état de mort cérébrale par une série de mouvements qui durent quelques secondes et qui surviennent soit spontanément, soit juste après le débranchement de l’assistance respiratoire. " Cela commence par un étirement des bras, suivi par le fait que les bras croisent ou touchent la poitrine et retombent finalement le long du torse. Il ne s’agit que d’un réflexe spinal, mais qui a de quoi effrayer celui qui l’observe ", indique le Dr Bueri.
D’étranges mouvements ont également été observés par le Dr Joan Marti-Fàbregas de Hospital de la Santa Creu i Sant Pau (Barcelone) chez une femme de 30 ans et un bébé de 11 mois en état de mort cébérale. Dans les deux cas, il s’agissait d’étirement des bras, de flexion des poignets et des doigts, des mouvements qui se produisaient à chaque fois que l’appareil de ventilation mécanique insufflait de l’air dans les poumons et qui ont cessé après que ces patients ont été cessés d'être reliés au respirateur.
Le Dr Marti-Fàbregas précise lui aussi que ces mouvements post-mortem naissent de la moelle épinière, pas du cerveau ou du tronc cérébral. Selon lui, ce type de mouvements n'auraient jamais été décrits auparavant.
Ces médecins soulignent qu’il importe que les familles et le personnel soignant connaissent l’existence possible de ces mouvements qui, bien qu’impressionnants, ne sauraient remettre en cause le diagnostic de mort cérébrale. Leur ignorance peut également avoir d’importantes conséquences en termes de prélèvements d’organes.
Source : Neurology, 11 janvier 2000.
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