Grippe : la virulence de certaines souches virales mieux expliquée
L'épidémie de grippe "espagnole" de 1918, particulièrement dévastatrice, a été vraisemblablement causée par une recombinaison du gène de l'hémaglutinine du virus, montre une étude publiée dans la revue Science. Dans le même journal, une autre équipe de recherche indique que l'épidémie de grippe du poulet de 1997 à Hong Kong doit sa virulence à la modification ponctuelle de deux gènes du virus, dont celui de l'hémaglutinine. Ces données permettent de mieux comprendre la virulence des souches du virus de la grippe. En raison du risque éventuel de nouvelle épidémie particulièrement virulente, il convient de se préparer au mieux à cette éventualité.
La pandémie de grippe de 1918 a entraîné le décès de plus de 20 millions de personnes. D'après Mark Gibbs et ses collègues australiens de l'université de Canberra, une recombinaison particulière du gène de l'hémaglutinine serait en cause. Leurs travaux publiés dans Science portent sur le gène de l'hémaglutinine de la souche responsable de la pandémie de 1918.
L'hémaglutinine est une protéine dont la structure peut être décomposée en deux parties : un "pied" et une structure globulaire. Pour la souche de 1918, le domaine globulaire serait codé par une partie d'un gène dérivé d'un virus de la grippe qui affecte le porc tandis que le "pied" aurait pour origine une souche qui affecte l'homme.
Cette recombinaison génétique aurait modifié la virulence du virus, estiment les chercheurs. De plus, elle aurait eu lieu juste avant le début de la pandémie, ce qui renforce le lien de causalité.
Toutefois, Robert Webster (St Jude Children's Research Hospital de Memphis) rappelle dans un commentaire que les recombinaisons sont rares chez les virus à ARN et que "de nombreux spécialistes de la grippe ne sont pas convaincus de l'existence de ces évènements".
Une autre flambée de grippe a eu lieu en 1997 à Hong Kong. Dix-huit personnes ont été infectées et six en sont mortes. Toujours dans Science, Hatta et al. montrent que de légères mutations sur deux gènes viraux semblent déterminer le caractère létal de l'infection. Les gènes impliqués étaient celui de la protéine PB2 et celui de l'hémaglutinine.
Ces avancées dans la compréhension de l'acquisition d'une virulence particulière par le virus de la grippe font l'objet de deux commentaires, dont celui rédigé par R. Webster. Graene Laver et Elspeth Garman (Université Nationale d'Australie et Université d'Oxford) estiment qu'il est temps de s'inquiéter des mesures à mettre en œuvre pour prévenir une nouvelle flambée de grippe particulièrement virulente.
Selon leur avis et celui de Wesber, il est important de constituer des stocks massifs d'antiviraux (inhibiteurs de la neuraminidase du virus de la grippe). Il faudrait en effet six mois pour préparer un vaccin approprié.
Source : Science 7 september 2001;293: 1773-75, 1776-77, 1840-42, 1842-45.
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