Troubles psychologiques et psychiatriques : des problèmes persistants chez les réfugiés

Des médecins américains ont suivi une population de réfugiés bosniaques pendant trois ans après l'arrêt du conflit dans cette région. Bon nombre d'entre eux présentent encore des troubles psychologiques et psychiatriques (dépression, état de stress post traumatique). Les conclusions de cette étude sont présentées dans la dernière édition du Journal of American Medical Association.

Une équipe de médecins conduite par le Dr Mollica (Cambridge, Massachusetts) a mené une étude de suivi auprès d'une population de réfugiés bosniaques. L'objectif était de mesurer la persistance de différents troubles suite au conflit des Balkans. Sur les 534 personnes qui avaient été interrogées initialement dans un camp en Croatie en 1996, 70,4 % résidaient encore dans cette région en 1999.

Lors de l'enquête initiale de 1996, ces auteurs avaient montré l'importance des cas de dépression (39,2 %), de stress post-traumatique (26,3 %) et de handicaps divers dans ce groupe de réfugiés.

Trois ans plus tard, ils ont de nouveau interrogé les réfugiés restés sur place. Lors de cette évaluation, 45 % des personnes qui souffraient de dépression ou en état de stress post-traumatique en 1996 présentaient les mêmes symptômes en 1999.

Par ailleurs, 46 % de ceux qui avaient un handicap physique quelconque n'avait pas vu leur état s'améliorer en 1999.

Enfin, 16 % de ceux qui étaient initialement en "bonne santé" présentaient des troubles psychologiques ou psychiatriques en 1999.

Les auteurs expliquent que la mortalité masculine était supérieure à la mortalité féminine. L'isolement familial et un âge avancé étaient également associés à une mortalité plus élevée.

Dans cette étude très détaillée, Mollica et ses collaborateurs soulignent l'importance et la durée des troubles psychologiques dans ces populations de réfugiés. Si l'on suppose que ces difficultés persistent aussi chez ceux qui ont regagné leur lieu d'habitation initial, des efforts particuliers doivent être entrepris pour prendre en charge ces problèmes à l'échelle de la population.

Source : JAMA 2001;286:546-554.