Les cannabinoïdes : pour quelle utilisation ?
Dans le dernier BMJ, deux revues systématiques de la littérature médicale reviennent sur le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes. Les substances testées n'ont pas montré de propriété antalgique supérieure à la codéine pour le contrôle des douleurs aiguës et chroniques. Néanmoins, ils exercent une action antiémétique moyenne dans le cadre de nausées et vomissements induits par une chimiothérapie.
La question de l'utilisation du cannabis et de ces principes actifs est largement débattue. Dans un premier article, Campbell et al. ont retenu 9 études (222 patients) traitant du pouvoir antalgique des cannabinoïdes. La douleur était d'origine cancéreuse dans 128 cas, post-opératoire pour le reste des cas sauf deux.
Les conclusions des auteurs sont les suivantes : "les cannabinoïdes ne sont pas plus efficaces que la codéine pour le contrôle de la douleur et ils ont des effets sédatifs sur le système nerveux central qui limitent leur emploi".
Dans une deuxième publication, Tramer et al. ont procédé à une analyse des effets des cannabinoïdes pour le contrôle des nausées et vomissements induits par chimiothérapie. Trois cannabinoïdes étaient étudiés : levonandrol (intramusculaire), nabilone et dronabinol (tétrahydrocannabinol) par voie orale.
Les propriétés antiémétiques de ces cannabinoïdes étaient supérieures à celle des principes actifs suivants : prochlorperazine, metoclopramide, chlorpromazine, thiethylperazine, haloperidol, domperidone ou alizapride. Toutefois, leur efficacité était très discutable lorsque les vomissements et nausées étaient très intenses. Les effets secondaires sont divers et malgré quelques points positifs (euphorie, sédation) certains sont handicapants : dépression, hallucinations.
Ces résultats sont commentés dans le BMJ par le Dr Eija Kalso de l'Hôpital Universitaire d'Helsinki. Dans son éditorial, cet auteur revient sur la date (années 70 et 80) où ont été réalisées la plupart des études retenues pour ces revues. Selon lui, les médicaments aujourd'hui disponibles sont plus efficaces et ont moins d'effets secondaires que les cannabinoïdes disponibles.
"Sur la base des données actuelles, les cannabinoïdes peuvent être recommandés seulement pour une utilisation en essais cliniques dans des conditions définies avec attention et où il n'y a pas de traitement efficace", conclut le Dr Kalso.
Source : BMJ 2001;323:2-3,13-6, 16-21.
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