Le thalidomide actif dans la maladie de Crohn
Deux études publiées dans la revue Gastroenterology montrent que le thalidomide est efficace chez certains patients atteints de maladie de Crohn rebelle.
Le thalidomide est utilisé dans cette entéropathie inflammatoire chronique pour sa capacité à inhiber le TNF (tumor necrosis factor), une cytokine proinflammatoire.
La première étude, menée par l’équipe du Dr Eli Ehrenpreis des University Chicago Hospitals (Chicago, Illinois) en association avec des médecins du Sunnybrook Hospital de Toronto (Canada), a consisté à administrer 200 mg (18 patients) ou 300 mg (4 patients) de thalidomide à des individus atteints d’une maladie de Crohn rebelle.
Ces 22 patients avaient un score élevé de sévérité de la maladie : le CDAI (Crohn’s Disease Activity Index) était supérieur à 200, avec ou sans fistules périanales. Neuf patients avaient une maladie luminale, 13 étaient porteurs de fistules. Le score médian CDAI était de 371 à l’entrée dans l’étude.
Au total, 16 patients ont terminé un traitement de 4 semaines par thalidomide. Douze réponses cliniques et 4 rémissions ont été observées.
Une réponse clinique a été notée chez la totalité des 16 patients qui ont suivi le traitement pendant 12 semaines. Neuf ont eu une rémission clinique (3 cas de maladie luminale, 6 cas de maladie fistuleuse). Le score médian CDAI était alors de 175 (30-468, p<0,001 par rapport aux valeurs à l’inclusion).
Les auteurs soulignent que deux patients avec fistules ont répondu au traitement par le thalidomide alors que l’administration d’infliximab (un anticorps monoclonal anti-TNF alpha) avait antérieurement échoué.
La seconde étude a été coordonnée par le Dr Eric Vasiliauskas et ses collaborateurs de l’Université de Californie Los Angeles. Ces investigateurs ont évalué chez 12 patients souffrant de maladie de Crohn d’intensité modérée à sévère et cortico-dépendante des doses moins élevées de thalidomide que dans l’essai précédent : 50 mg (6 premiers patients) et 100 mg (6 autres patients). Le CDAI médian était compris entre 250 et 500 malgré la prise quotidienne de 20 mg de prednisone.
La symptomatologie de tous les patients a été améliorée au cours des quatre premières semaines de traitement, avec des taux respectifs de réponse et de rémission de 58 % et 17 %.
L’amélioration clinique s’est généralement maintenue malgré la diminution des doses de corticoïdes entre les semaines 5 et 12, la moitié des patients ayant pu réduire de moitié la posologie de la corticothérapie. Au total, 44 % des patients ont pu définitivement arrêter les corticoïdes.
Entre les semaines 25 et 12, 70 % des patients sous thalidomide ont répondu et 20 % ont eu une rémission. Des rémissions ont été observées chez des patients antérieurement traités sans succès par 6-mercaptopurine ou azathioprine (6 cas), ou par ciclosporine (4 cas).
Les effets secondaires ont été mineurs, la plupart étant transitoires. Il s’agissait principalement de vertiges, de neuropathie périphérique, d’œdème et de dermite.
Ces résultats très encourageants du thalidomide, notamment en cas d’échec de l’infliximab, doivent cependant être confirmés par des essais contrôlés randomisés.
Source : Gastroenterology, décembre 1999, 117 : 1271-77, 1278-87.
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