Interruption de vie dans les unités de soins intensifs françaises
Une étude française, publiée dans le Lancet, indique que la moitié des décès enregistrés dans les unités de soins intensifs sont précédés par une décision d'interrompre les soins apportés au patient. La décision de ne pas entreprendre de traitement ou de l'arrêter est prise le plus souvent par le personnel médical. Réalisée en 1997, cette enquête souligne le vide juridique qui entoure la prise de telles décisions.
Le Dr Edouard Ferrand (Hôpital Henri Mondor) et des membres du groupe LATAREA ont étudié sur une période de deux mois 113 unités de soins intensifs françaises. L'objectif était d'évaluer la fréquence des décisions d'arrêt des soins, ainsi que les motifs qui y ont conduit.
Sur un total de 7.309 patients, le choix de ne pas entreprendre de traitement a été fait chez 4,6 % des patients. Une interruption des soins a été effectuée chez 6,4 % d'entre eux.
Les auteurs indiquent également que 53 % des décès survenus dans ces unités suivaient un choix de "limiter les soins", le plus souvent motivé par un refus d'acharnement thérapeutique et par le peu de bénéfices attendus au vu de l'état du patient.
Ces décisions sont prises le plus fréquemment par le personnel médical avec (54 %) ou sans (34 %) consultation du personnel infirmier. Cependant, les auteurs ont pu noter que ce choix a été réalisé par un seul médecin dans 12 % des cas.
Les familles ont participé à la prise de décision dans 44 % des cas mais seuls 0,5 % des patients ont été directement consultés.
Ces décisions de fin de vie sont donc fréquentes, malgré leur interdiction en France. Selon le Dr Ferrand, "cette étude souligne le dilemme actuel auquel doivent faire face les médecins français".
Il rappelle l'avis du Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) : "Le refus de l'acharnement thérapeutique peut certes précipiter l'instant de la mort, mais il implique -par définition- l'acceptation du risque mortel consécutif au traitement de la douleur comme à l'abstention et à la limitation de traitements".
Source : Lancet 2001;357:9-14.
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