Tabagisme : des patchs à la nicotine pour les femmes enceintes ?
Des médecins canadiens déclarent qu’il ne serait pas déraisonnable que des femmes qui ne peuvent s’arrêter de fumer pendant leur grossesse utilisent des dispositifs transdermiques à la nicotine pour les aider à stopper leur consommation de tabac. Selon eux, la méthode qu’ils proposent pourrait entraîner une diminution de la morbidité et de la mortalité périnatales associées au tabagisme au cours de la grossesse.
Ces cliniciens de l’Hôpital des Enfants Malades de Toronto estiment que l’utilisation d’un système transdermique à la nicotine empêcherait une exposition du fœtus à d’autres toxines contenues dans la fumée de cigarette en plus de la nicotine, comme le monoxyde de carbone, le cyanure et le thiosulfate. Encore faut-il pour valider cette approche, qui va à l'encontre de la contre-indication d'utiliser un dispositif transdermique à la nicotine en cas de grossesse, s’assurer que les femmes qui en utilisent sont exposées à des taux de nicotine moindres que si elles fumaient.
C’est ce qu’ont vérifié les Drs Richard Hackman, Bhushan Kapur et Gideon Koren dans une étude pilote randomisée contre placebo chez un groupe de femmes enceintes porteuses d’un patch à la nicotine. Ils ont mesuré, à l’entrée dans l’étude et une semaine après, les taux sériques et urinaires de nicotine et de son métabolite principal, la cotinine.
Les auteurs indiquent dans une lettre au New England Journal of Medicine que les taux sériques de cotinine ont diminué chez 6 des 7 femmes enceintes étudiées et sont restés inchangés dans un cas. Les taux sériques moyens et salivaires de cotinine ont significativement diminué après utilisation du système transdermique à la nicotine.
La longue demi-vie d’élimination de la cotinine (environ 20 h) permet, expliquent-ils, de surveiller sur une base hebdomadaire les taux de cotinine pour s’assurer que l’exposition systémique à ce xénobiotique reste en deçà ce qu’elle aurait été si la femme avait continuéà fumer.
Afin de renforcer la sécurité vis-à-vis du fœtus, les auteurs proposent l’utilisation d’un patch de 16 heures qui simule la consommation de cigarettes d’une journée ordinaire avec ses 8 heures de sommeil, de telle façon que les taux de nicotine ne dépassent pas la nuit ceux qu’ils auraient été en cas de consommation de tabac.
"Si les taux de cotinine augmentaient chez une femme utilisant un patch transdermique à la nicotine, la dose pourrait être réduite et des études seraient menées afin de vérifier si la future mère fume et combien". Par ailleurs, la mesure des taux de thiosulfate et de monoxyde de carbone permettrait de déterminer s’il y a vraiment eu consommation de tabac, concluent les auteurs.
Source : N Engl J Med, 1999, 341 : 1700.
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