Paludisme: la mutation d’un unique gène confère la résistance à la chloroquine
Une équipe américaine vient de montrer dans une étude parue dans Molecular Cell qu’une mutation du gène codant pour une protéine trans-membranaire (PfCRT) de la vacuole digestive de Plasmodium falciparum est responsable de la résistance à la chloroquine.
Chaque année le paludisme touche 300 à 500 millions de personnes et plus d’un million en meurent chaque année. Les jeunes enfants africains sont les plus touchés. Ces dernières décennies, l’extension de la résistance à la chloroquine (anti-paludéen) sur plusieurs continents a désemparé les médecins. Ces derniers n’ont pu alors qu’administrer des médicaments plus onéreux, aux effets plus toxiques.
Les premiers signes de résistance à la chloroquine sont apparus en Amérique du sud et en Asie 10 ans après son introduction en 1940. Il a fallu deux décennies supplémentaires pour que la résistance apparaissent en Afrique de l’Est, où elle s’est rapidement répandue. C’est pour cette raison que les scientifiques pensaient que la résistance à la chloroquine impliquaient plusieurs gènes.
Cette étude a montré que les souches résistantes d’Asie et d’Afrique ont un des deux variants ‘PfCRT’ qui diffère du gène sensible à la chloroquine par 7 ou 8 mutations ponctuelles. En Amérique du Sud, cette résistance est associée à d’autres variants « PfCRT » porteurs de plusieurs mutations. Toutefois, les variants « PfCRT » de ces trois régions ont en communs deux mutations spécifiques (K76T et A220S).
Les auteurs ont donc trouvé que la mutation d’un unique gène présent sur le chromosome 7 de P. falciparum conférerait la résistance à la chloroquine. Ce gène ‘PfCRT’ code pour une protéine trans-membranaire de la vacuole digestive de P. falciparum.
Les chercheurs ont également pu convertir une souche sensible à la chloroquine en une souche résistante en introduisant le gène muté ‘PfCRT’. Toutefois, on ne connaît pas encore le rôle précis et la fonction jouée par la protéine codée par ce gène. En particulier, le mécanisme par lequel cette protéine confère la résistance à la chloroquine.
Ces découvertes pourront aider les chercheurs à explorer plus en avant les mécanismes de résistance à la chloroquine chez P. falciparum et les moyens d’y remédier. Elles pourront également aider les scientifiques étudiant les populations dans les régions touchées par ces souches résistantes.
Source : NIH , Molecular Cell 2000 ; 6 : 861-71
Descripteur MESH : Mutation , Chloroquine , Amérique du Sud , Afrique , Asie , Gènes , Médecins , Paludisme , Personnes , Précis , Rôle , Toxiques