Sclérose en plaques : deux essais thérapeutiques interrompus
Deux essais d’immunothérapie dans le traitement de la sclérose en plaques (SEP) ont été interrompus précocement en raison de réactions d’intolérance au traitement. Des résultats apparemment contradictoires rappellent la complexité de la sclérose en plaques mais apportent également de nouvelles informations sur la physiopathologie de la SEP.
La SEP est une maladie démyélinisante chronique, caractérisée par une réaction inflammatoire auto-immune qui conduit à une altération de la couche de myéline et des axones touchés. Une des stratégies envisagées est le recours à des ligands peptidiques altérés (altered peptide ligands (APLs). Ces APLs sont destinés altérer la cascade d’activation des lymphocytes T dans le but de moduler la réponse inflammatoire. Un segment d’une protéine de la couche de myéline est considéré comme un antigène potentiel dans la SEP. L’idée était d’utiliser ce fragment comme APL afin de moduler la réponse immunitaire.
Deux essais faisant appel à cet APL ont récemment été interrompus. Le bilan de ces essais a été publié dans le numéro d’octobre de la revue Nature Medicine.
Kappos et al ont conduit un essai en double aveugle avec contrôle placebo sur 142 patients. Trois doses d’APL ont été testées : 5 mg, 20 mg et 50 mg en injection sous-cutanée une fois par semaine. Aucune différence significative n’a été notée dans l’évolution des lésions entre les patients traités par APL ou sous placebo. L’essai a été stoppé en raison d’une réaction d’hypersensibilité chez 9 % des patients. Néanmoins, les auteurs ont observé une réponse anti-inflammatoire chez certains patients.
L’étude réalisée par Bielakova et al portait sur 8 patients et une seule dose d’APL (50 mg) a été évaluée. Une intolérance au traitement a conduit à l’arrêt de l’essai. Des poussées récurrentes ont été observées chez trois patients. Les analyses immunologiques suggèrent fortement que l’APL a entraîné une augmentation de la réponse inflammatoire chez ces patients, bien qu’une relation de cause à effet n’ait pu être clairement établie.
Ces deux essais d’APL semblent avoir conduits à des résultats contradictoires, c’est à dire une augmentation de la réponse anti-inflammatoire dans l’étude de Kappos et al et une stimulation de la réponse pro-inflammatoire dans l’essai de Bielakova et al.
Dans un éditorial qui commente ces deux études, C. Genain et S. Zamvil (Université de Californie) discutent de la complexité des effets biologiques des APLs et suggèrent le développement de nouveaux APLs, afin de conduire à une réponse anti-inflammatoire. De plus, les observations réalisées par ces groupes devraient stimuler des recherches sur les groupes de patients qui pourraient bénéficier de ces thérapies.
Source : Nat Med 2000 ;6 :1167-1175,1176-1182,1098-1100
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