Thérapie de la candidose des muqueuses par l'expression d'un anti-idiotype dans une bactérie commensale humaine

Deux souches recombinantes de Streptococcus gordonii produisant l'anticorps idiotypique H6 (à activité microbicide) soit sous sa forme sécrétée, soit sous forme de protéine de surface ont été utilisées afin de traiter une vaginite expérimentale murine causée par Candida albicans.

La surface des muqueuses n'est pas seulement le portail d'entrée des invasions microbiennes, elle est aussi le premier site pour leur transmission. Aussi, l'emploi d'antimicrobiens efficaces capables d'éliminer les microorganismes infectieux de la muqueuse auront un impact fondamental pour le contrôle de ces organismes. Selon les auteurs de cette étude, ceci est pariculièrement important non seulement pour les maladies infectieuses mortelles mais également pour les infections opportunistes qui actuellement constituent un grave fardeau en terme de morbidité, de mortalité et de coût de traitement.

L. Polonelli et ses collaborateurs ont utilisé une souche recombinante de Streptococcus gordinii, bactérie commensale humaine. Cette dernière sécrète un anticorps anti-idiotypique (ScFvH6, H6) qui mime l'action d'une toxine antimicrobienne puissante (killer toxin, KT) à large spectre d'action. L'activité thérapeutique a été testée en utilisant C. albicans comme cible pathogène.

Les auteurs montrent que S. gordinii présente, in vitro, une activité dirigée contre C. albicans très efficace. In vivo, S. gordinii colonise de manière efficace la muqueuse vaginale et accélère l'élimination d'une charge fongique importante. Ce bénéfice thérapeutique est associé à l'expression de H6.

In vivo, la charge fongique diminue rapidement, dès la première dose thérapeutique, quand on utilise la souche recombinante sécrétrice. Toutefois, l'activité thérapeutique est plutôt faible et n'est obtenue qu'au bout de la troisième dose en ce qui concerne la souche recombinante exprimant le peptide de surface. Selon les auteurs, ceci peut s'expliquer par une meilleure biodisponiblilté de la forme sécrétée.

La production in vivo de polypeptide à activité antibiotique par des bactéries commensales pourrait contourner le problème de l'utilisation de polypeptides à durée de vie courte.

Source : Nature Biotechnology 2000;18:1060-64