A 19 ans elle décède des suites d'une otite malgré une double prise en charge aux urgences
Une étudiante est décédée à l'hôpital Edouard-Herriot, à Lyon, des suites des complications d'une otite quelques jours après avoir consulté par deux fois au service des Urgences. Sa mère dénonce une erreur médicale et porte plainte pour homicide involontaire.
Originaire du Nicaragua, Leana Bonilla Cruz étudiait la littérature à l’université Lyon 2. Elle avait 19 ans. Le 9 février dernier, elle se rend aux urgences et a été prise en charge rapidement pour une otalgie simple, avec une température de 39°C, comme cela est fréquent pour des otites. Des antalgiques et des antibiotiques sont alors prescrits à Léana.
De retour à son domicile et en dépit du traitement antalgique, les douleurs persistent. Le 11 février selon la mère de Léana, une amie s'inquiète et contacte un médecin qui lui répond qu'un délai de 5 jours était requis pour que le traitement fasse son effet. L'état de Leana empire et elle vomit toute la nuit du 11 au 12 février.
Les étudiantes retournent aux urgences de l'Hôpital, le 12, à 10 heures. Sans fièvre, elle est diagnostiquée TRI 4 (consultation non urgente) par l'infirmière et elle patiente près de 8 heures avant de voir un médecin expérimenté. Sa température, la pression artérielle et l'examen neurologique ne révèlent rien d'anormal. Aucun vomissement n'a été constaté durant les 8 heures d'attente à l'hôpital. Le médecin prescrit alors d'autres médicaments et libère l'étudiante qui rentre à son domicile.
Malgré une amélioration le 13, l'étudiante souffre de violents maux de tête et de vomissements les jours qui suivent puis dort beaucoup ou somnole toute la journée. Entre le 18 et le 20, elle reste alitée. Le 21 les pompiers la transportent dans le coma à l'hôpital qui prononce son décès le 23.
Arrivée en France le 22 février, Carolina Cruz considère que sa fille a été victime d'une erreur médicale et que « Les médecins n’ont pas pris le temps de diagnostiquer correctement le mal dont souffrait ma fille. Ils n’ont pas pu prendre en compte ses symptômes, n’ont pas su voir le caractère urgent de la situation, disant à ma fille qu’une otite n’était pas une urgence ». Les policiers ont pris sa plainte contre l’hôpital Edouard-Herriot pour “homicide involontaire”.
« Je comprends la douleur de cette mère. Elle est d’abord une victime», déclare au journal Le Progrès, le Pr Karim Tazarourte, chef du service des urgences de l’hôpital Edouard-Herriot , qui se refuse à toute argumentation contre une famille ayant perdu une jeune fille des suites d’une otite.
Si pour lui, il n'est pas possible de faire un scanner ou une IRM à tous les patients souffrants d'otite afin de déceler un éventuel abcès dont l'incidence est de 1 / 100 000 habitants en France, il reconnaît que la remise d'une fiche alertant sur les risques de complications et la conduite à tenir en cas de symptômes évocateurs d'un abcès du cerveau pourrait peut être permettre d'éviter ce genre de tragédie.
Ce drame intervient dans un contexte de grève illimitée depuis près de 2 mois aux services des urgences. Les salariés dénoncent une prise charge dégradée par le manque de personnel et de moyens. Réquisitionnés, ils continuent à assurer la prise en charge des patients.
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