Comparaison de la toxicité gastro-intestinale d'un inhibiteur spécifique de la COX-2 et des AINS conventionnels
A un dosage supérieur aux doses recommandées, le celecoxib, un inhibiteur spécifique de la COX-2, entraîne moins de complications gastro-instestinales (ulcères et complications) que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ceci est le résultat d'une large étude réalisée sur des patients souffrant d'arthrose ou de polyarthrite rhumatoïde qui avaient reçu un des deux traitements (celecoxib ou AINS conventionnels) pendant 6 mois.
Cette étude publiée dans le JAMA du 13 septembre a été réalisée par Silverstein et al et financée par Pharmacia, le fabricant du celecoxib.
Cet essai randomisé en double aveugle avec contrôle placebo s'est déroulé entre septembre 1998 et mars 2000 dans 386 sites de soins aux Etats-Unis et au Canada.
L'objectif était d'évaluer si le celecoxib, inhibiteur spécifique de la COX-2, était associé à moins de complications gastriques et duodénales que les AINS conventionnels.
Au total, 7.968 patients atteints d'arthrose ou de polyarthrite rhumatoïde ont reçu un traitement de 6 mois : 3.987 ont reçu du celecoxib (400 mg 2 fois/jour, 2 à 4 fois supérieur aux dosages recommandés), 1.985 ont reçu de l'ibuprofen (800 mg 3 fois/jour) et 1.996 ont reçu du diclofenac ( 75 mg 2 fois/jour). L'aspirine était autorisée pour la prévention des maladies cardiovasculaires.
Les complications étaient moins fréquentes chez les patients sous celecoxib. Pour tous les patients, l'incidence annualisée des complications des ulcères gastriques ou duodénaux était de 0,76 % dans le groupe celecoxib et 1,45 % (p = 0.09) dans le groupe AINS conventionnel. L'incidence de ses complications combinée à celle des ulcères était de 2,08 % pour le celecoxib et 3,54 % (p = 0,2) pour les AINS conventionnels.
L'incidence des complications différait selon que les patients prenaient de l'aspirine en traitement concomitant. La toxicité gastro-intestinale était moins prononcée en absence d'aspirine.
Chez les patients qui ne prenaient pas d'aspirine, l'incidence cumulée des complications + ulcères était de 1,40 % pour le celecoxib et 2,91 % (p = 0,2) pour les AINS conventionnels.
En comparaison, chez les patients sous aspirine, cette incidence était de 4,70 % pour le celecoxib et 6,00 % pour les AINS conventionnels. Les auteurs indiquent que les différences celecoxib/AINS n'étaient pas statistiquement significatives chez les patients sous aspirine.
Les effets toxiques associés (saignements chroniques, intolérance, hépatotoxicité, toxicité rénale) étaient moins fréquents dans le groupe celecoxib.
Aucune différence significative n'a été notée dans l'incidence des complications cardiovasculaires entre les traitements.
"Dans cette étude, le celecoxib, à des doses supérieures à celles recommandées, était associé à une incidence réduite des ulcères, de leurs complications et d'autres effets toxiques importants, comparé aux AINS conventionnels", déclarent les auteurs. Ils ajoutent que la réduction de la toxicité gastrique et duodénale était plus marquée chez les patients qui ne prenaient pas d'aspirine en traitement concomitant.
Dans un éditorial qui accompagne cette publication, les Drs D. Lichtenstein (Boston University School of Medicine) et M. Wolfe (Boston Medical Center) rappelle le besoin d'études complémentaires sur les inhibiteurs spécifiques de la COX-2.
"Bien que les AINS spécifiques de la COX-2 apparaissent 'nouveaux et améliorés', ils ne sont certainement pas parfaits", notent-ils. Selon eux, un suivi plus long permettra de définir de façon définitive le profil de sécurité de ces inhibiteurs spécifiques de la COX-2.
Source : JAMA 2000;284:1247-1255, 1297-1299
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