Une cause exceptionnelle de paraplégie : l’abcès épidural à Fusobacterium nucleatum

Des internistes de l’hôpital de Conception (Marseille) rapportent dans la Revue de médecine interne un cas exceptionnel d’infection neurologique, une paraplégie, dû à une bactérie anaérobie, Fusobacterium nucleatum, germe de la cavité buccale qui n’est que rarement détecté dans des infections à distance en dehors de rares cas d’arthrites et d’abcès spléniques ou hépatiques chez des toxicomanes et des immunodéprimés.

L’observation concerne une femme de 76 ans, alcoolique, qui a été hospitalisée en urgence en raison d’une incapacité à la marche 3 jours après un traumatisme rachidien secondaire à une chute de sa hauteur.

L’examen clinique a montré une paraplégie flasque avec un globe vésical, un niveau sensitif sous-ombilical et un signe de Babinski bilatéral.

Le Dr E. d’Allessandro et ses collaborateurs ont noté une fièvre à 38°C et un état dentaire déplorable.

La biologie montre une polynucléose, un syndrome inflammatoire et une cholestase anictérique.

L’IRM a découvert des tassements de D8 et D9 avec recul du mur postérieur et compression du cordon médullaire.

L’injection a montré un rehaussement des corps vertébraux et de l’espace épidural antérieur.

Une ponction sous scanner a alors révélé la présence de Fusobacterium nucleatum.

Les explorations digestives, cardiaques et gynécologiques sont négatives.

Le panorex a, lui, montré de nombreuses dents fracturées et cariées ainsi que la présence de kystes apicaux sur de nombreuses racines.

Les neurochirurgiens ont décidé l’abstention. De fait, l’évolution clinique et biologique sous pénicilline G, métronizadole et exérèses dentaires est favorable, mais l’état neurologique est demeuré inchangé.

« Notre observation est le 4e cas rapporté d’abcès épidural à Fusobacterium nucleatum et montre que ce germe peut être responsable d’affection graves, chez le sujet non immunodéprimé, en cas de mauvais hygiène dentaire », indiquent les auteurs que soulignent que l’abcès épidural est lui-même une cause rare de paraplégie.

Source : Revue de médecine interne, 2000, 254s.