Médicaments, reflux gastro-oesophagien et risque accru d'adénocarcinome de l'œsophage

L'utilisation croissante de médicaments qui entraînent un reflux gastro-oesophagien par la relaxation du sphincter oesophagien inférieur (SIO) pourrait être liée à une augmentation des adénocarcinomes de l'œsophage. Cette association est particulièrement marquée pour les anticholinergiques.

Le Dr J. Lagergren (Karolinska Institutet de Stokholm, Suède) et plusieurs collaborateurs ont étudié la relation entre ces cancers et l'utilisation de médicaments qui entraînent une relaxation du SIO (anticholinergiques, agonistes β-adrénergiques, aminophylline, benzodiazépines et dérivés nitrés) auprès de plus de 600 patients. Leur étude vient d'être publiée dans Archives of Internal Medicine.

Ces patients présentaient un adénocarcinome de l'œsophage, un adénocarcinome du cardia ou un cancer épidermoïde de l'œsophage. La population contrôle était composée de 820 personnes.

Un usage antérieur de ces médicaments était associé à un risque d'adénocarcinome de l'œsophage. Par exemple, un usage quotidien d'un de ces médicaments pendant plus de 5 ans multipliait le risque d'adénocarcinome de l'œsophage par 3,8 par rapport aux sujets qui n'en avaient jamais utilisé. Chaque classe médicamenteuse étudiée présentait un risque mais "l'association était particulièrement forte pour les anticholinergiques", notent les auteurs.

Cette association disparaît après ajustement pour les symptômes de reflux gastro-oesophagien, ce qui confirme que le reflux est la cause du lien entre ces médicaments et les adénocarcinomes de l'œsophage.

Aucune relation n'a été mise en évidence entre ces stimulants de la relaxation du SIO et les adénocarcinomes du cardia ou les cancers épidermoïdes.

"En supposant une relation de causalité, environ 10 % des adénocarcinomes de l'œsophage dans la population pourraient être attribués à la prise de relaxants du SIO", concluent les auteurs. Ce résultat pourrait expliquer l'incidence croissante des adénocarcinomes de l'œsophage.

Source : Ann Intern Med. 2000;133:165-175