L'azoospermie peut arriver plus tard qu'on ne le pensait

La vasectomie n'est efficace qu'au bout d'un certain nombre de semaines, étant donné que les spermatozoïdes restent présents dans l'appareil reproducteur de l'homme longtemps après l'intervention chirurgicale. Des études récentes à petite échelle montrent qu'il faut probablement plus de temps qu'on ne le pensait précédemment pour que les spermatozoïdes disparaissent complètement.

 Etant donné que les spermatozoïdes séjournent dans les conduits reproductifs de l'homme bien après une vasectomie, il peut se passer plusieurs semaines avant que cette procédure ne devienne efficace. Selon les recherches récemment effectuées, il semble, contrairement à ce que l'on pensait au début, que les spermatozoïdes pourraient ne disparaître complètement qu'après un délai beaucoup plus long, et que certains hommes pourraient même enregistrer une recrudescence de la numération des spermatozoïdes après une baisse initiale.

Bien que les recommandations puissent varier, il est souvent conseillé aux couples d'utiliser une autre méthode jusqu'à la vingtième éjaculation, ou pendant 12 semaines après la procédure. Il est à noter, cependant, qu'au cours d'une étude réalisée récemment par FHI et l'AVSC International, 44 des 198 hommes qui avaient subi une vasectomie n'avaient pas atteint l'azoospermie (l'absence totale de spermatozoïdes viables dans l'éjaculat) après 24 semaines de suivi. De même, le temps écoulé et le nombre d'éjaculations préalables à l'azoospermie étaient beaucoup plus variables de ce qui avait été prévu. La plupart de ces 44 hommes avaient toutefois atteint une numération très basse de spermatozoïdes au bout de 12 semaines, probablement assez basse pour éviter une grossesse.

Au cours de cette même étude on a déterminé, sur la base des échantillons de sperme recueillis auprès de 18 hommes, que la vasectomie avait échoué. Sur les 18 hommes, 16 d'entre eux avaient une numération basse ou nulle de spermatozoïdes au tout début des visites, et plus haute par la suite. Ces constatations donnent lieu de penser que le canal déférent doit se reformer chez certains hommes par un procédé qui s'appelle la recanalisation.1

"Les couples qui envisagent une vasectomie devraient comprendre que cette procédure peut demander un certain temps avant d'être efficace, et qu'elle peut même échouer", dit le docteur Laneta Dorflinger qui est vice-présidente pour la recherche et le développement à FHI. "En vue du fait que l'échantillon de cette étude était relativement petit, il faudrait un complément de recherches pour résoudre beaucoup de questions importantes. A présent, notre conseil est de s'assurer que les clients n'ont pas la fausse impression que la vasectomie est efficace immédiatement, qu'elle est parfaite et qu'elle réussit toujours."

Actuellement, on prévient les couples que la vasectomie a un taux connu d'échecs de moins de un pour cent. Pourtant, si une femme, mariée à un homme qui a subi une vasectomie, conçoit un enfant, certaines personnes pourraient croire que la femme a été infidèle. Les femmes qui deviennent enceintes à la suite d'une vasectomie inefficace pourraient être battues ou bannies par leur époux ou par des membres de la famille qui pensent à tort que la vasectomie empêche toujours la grossesse.

S'il est encore trop tôt de recommander que l'on modifie les directives actuelles en matière de pratique clinique, le docteur Dorflinger estime qu'il existe deux options à la disposition des médecins. D'abord, là où il est pratique de le faire, la prise d'un ou de plusieurs échantillons de sperme à différents moments suivant la procédure pourrait aider à déterminer si une vasectomie est réussie ou non. Deuxièment, la probabilité de recanalisation pourrait être diminuée grâce au recours à l'interposition aponévrotique, où le fascia est replié sur le canal afin de séparer les deux bouts sectionnés.

Dans une autre petite étude qui sera publiée dans la revue Contraception, quatre hommes sur 38 n'ont pas atteint l'azoospermie au bout de 24 semaines. Un cinquième homme qui avait une azoospermie à deux, trois et quatre semaines après la vasectomie a annoncé que sa partenaire attendait un enfant une fois l'étude terminée. A la fin de l'étude, trois vasectomies avaient échoué. Selon un rapport sur l'étude, coordonnée par FHI et l'AVSC, le taux élevé d'échec pourrait être dû au fait que ni l'interposition aponévrotique, ni la cautérisation des canaux n'avaient été effectuées.2

Dans une vasectomie, les canaux déférents sont sectionnés, afin d'empêcher que les spermatozoïdes ne passent des testicules à l'urètre au moment de l'éjaculation. De nombreuses techniques d'occlusion sont utilisées pour obturer les canaux. Dans les pays en développement, là où les deux études ont été faites, la plupart des médecins ont appris à ligaturer et à exciser, une méthode consistant à reserrer le canal avec du fil où des points de suture et à faire l'ablation de un centimètre environ du canal. Les autres techniques, susceptibles de mieux obturer le canal, comprennent l'interposition aponévrotique, l'électrocautérisation qui fait appel à un instrument dont on ne dispose généralement pas dans un établissement aux ressources limitées, et l'utilisation des pinces de titane. Dans les pays industrialisés tels que les Etats-Unis, les urologues emploient en général ces autres techniques soit isolément, soit en combinaison. On n'a pas encore réalisé d'essais cliniques correctement contrôlés comparant l'efficacité relative des différentes options d'occlusion.

"La recherche doit se diriger vers diverses possibilités, afin de répondre aux questions que soulèvent ces études", déclare le docteur Dorflinger, notamment une évaluation des procédures d'occlusion utilisées et le rapport qui existe entre la faible numération des spermatozoïdes, la viabilité et la motilité de ces derniers, et les taux de grossesse, puisque l'azoospermie n'est probablement pas nécessaire à une contraception efficace.

Dans le cadre d'une étude, on a examiné la probabilité de grossesse chez les partenaires d'hommes à faible numération de spermatozoïdes qui utilisaient un contraceptif hormonal masculin expérimental. L'organisation mondiale de la Santé a constaté qu'à la suite d'inoculations hebdomadaires d'énanthate de testostérone chez les hommes, qui avaient de 100.000 à trois millions de spermatozoïdes par millilitre d'éjaculat (oligospermie), leurs partenaires avaient un taux de grossesse de 8,1 pour cent, soit un taux comparable à celui de certains autres moyens contraceptifs. Les partenaires d'hommes ayant atteint l'azoospermie avaient un taux de grossesse de zéro.3 De nouvelles études seront nécessaires en vue d'établir un taux de grossesse à long terme après la vasectomie.

-- William R. Finger

-- William R. Finger

Notes

Notes

  1. Family Health International. Time to Azoospermia After Vasectomy: Expanded Study -- Final Report. Research Triangle Park, NC: Family Health International, 1997.
  2. Cortes M, Flick A, Barone MA, et al. Results of a pilot study of the time to azoospermia after vasectomy in Mexico City. Contraception, 1997 (in press).
  3. World Health Organization Task Force on Methods for the Regulation of Male Fertility. Contraceptive efficacy of testosterone-induced azoospermia and oligozoospermia in normal men. Fertil Steril 1996;65(4):821-29.

    Network, Automne 1997, Volume 18, Numéro 1 .
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    © Copyright 1999, Family Health International (FHI)




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