Des anticorps monoclonaux spécifiques traitent efficacement des tumeurs cérébrales
Des chercheurs américains viennent de montrer que des anticorps monoclonaux, dirigés contre un marqueur tumoral fréquent, peuvent traiter des tumeurs cérébrales chez la souris. Selon les chercheurs, ces données montrent qu'une immunothérapie passive reste envisageable comme mécanisme de défense contre des processus pathologiques dans le SNC.
Cette étude publiée dans le dernier numéro de Proceedings of the National Academy of Sciences a été réalisée par l'équipe de J. Sampson (Duke University Medical Center de Durham, USA).
Leur recherche est basée sur une mutation du gène codant l'EGFR ou epidermal growth factor receptor. En effet, une mutation nommée EGFRvIII est fréquente dans les gliomes malins, les carcinomes du sein, les carcinomes pulmonaires non à petites cellules et les tumeurs ovariennes. L'idée était de générer des anticorps dirigés contre ce récepteur muté et donc de cibler spécifiquement les cellules tumorales.
Les chercheurs ont créé chez la souris une mutation homologue à celle de l'EGFR humaine. Ils ont également créé un anticorps monoclonal (Y10) qui reconnaît spécifiquement l'antigène tumoral EGFRvIII.
Des cellules de mélanomes (cellules B16) porteuses du marqueur EFGvIII ont été greffées (sous cutané) à des doses létales chez des souris. Les souris traitées par injection péritonéale de Y10 n'ont pas développé de tumeur et toutes ont survécu pendant plus de 45 jours sans signe apparent de toxicité. Ces souris ont également survécu à une nouvelle injection de cellules B16. Par contre, tous les rongeurs non-traitéss ont développé des tumeurs létales après l'injection initiale de cellules B16.
Ces expériences ont également été réalisées dans le cas d'injection intracérébrale de cellules B16 exprimant le marqueur EFGRvIII. Un traitement systémique avec les anticorps Y10 n'a pas permis d'accroître la survie des rongeurs. Par contre, l'injection intratumorale des anticorps Y10 s'est accompagnée d'une augmentation de 286 % de la survie des souris par rapport aux souris contrôles. De plus, 26 % des souris traitées ont survécu plus de 100 jours sans signe de croissance tumorale ni toxicité.
Les auteurs ont également démontré que le mécanisme d'action des anticorps Y10 était indépendant du complément, des granulocytes, des cellules NK (natural killer) et des lymphocytes T. Le mécanisme serait médié par le fragment Fc des anticorps.
"La découverte la plus significative est que des anticorps dirigés contre un antigène tumoral spécifique peuvent médier une réponse antitumorale thérapeutique dans le SNC", déclarent les auteurs. "Ces données montrent aussi que cette approche immunothérapeutique pourrait être utile pour le traitement d'autres processus pathologiques affectant le SNC, tels que les encéphalites virales ou le SIDA".
Source : PNAS 2000;97(13):7503-7508
Descripteur MESH : Anticorps , Tumeurs , Anticorps monoclonaux , Processus pathologiques , Immunothérapie , Cellules , Mutation , Survie , Croissance , Granulocytes , Lymphocytes , Lymphocytes T , Recherche , Thérapeutique