Le VIH infecte préférentiellement les CD4 qui lui sont spécifiques
Une étude parue dans la dernière édition de la revue Nature démontre que les lymphocytes T CD4+ spécifiques du VIH sont préférentiellement infectés par le VIH in vivo. Ce comportement est depuis longtemps suspecté mais n'avait jamais été complètement démontré. Selon les chercheurs, ce résultat pose également la question de la sécurité des interruptions thérapeutiques programmées.
"Nous savons depuis des années que le système immunitaire ne produit pas une bonne réponse des lymphocytes T CD4+ contre le VIH", explique le Dr Richard Koup, un des auteurs de l'étude et chercheur au Vaccine Research Center des NIH. "Cette étude est la première à montrer que ce phénomène a vraiment lieu dans le corps".
Dans cette publication, Douek et al détaillent l'étude des CD4 de 12 patients infectés par le VIH. Les principales mesures réalisées consistaient à quantifier l'ADN viral dans les lymphocytes T CD4+ spécifiques du VIH et à le comparer à la quantité retrouvée dans les lymphocytes T CD4+ non spécifiques du VIH.
"Nous montrons ici que les lymphocytes T CD4+ mémoire spécifiques du VIH chez les individus infectés contiennent plus d'ADN du VIH que les autres lymphocytes T CD4+ mémoire, à tous les stades de la maladie", écrivent les chercheurs.
En d'autres termes, le pourcentage de cellules infectées était plus élevé chez les CD4 spécifiques du VIH que chez les autres CD4.
Ces évènements ont été par ailleurs suivis chez quatre patients qui ont eu un rebond viral au cours d'une interruption thérapeutique programmée. Globalement, cet événement a été associé à une augmentation de la fréquence d'infection des lymphocytes T CD4+ mais cette augmentation était plus marquée parmi la population de lymphocytes T CD4+ spécifiques du VIH.
Selon les chercheurs, les différentes expériences menées font que "ces données indiquent que les lymphocytes T CD4+ spécifiques du VIH sont préférentiellement infectés au cours de la recrudescence virale in vivo et suggèrent que le pool de lymphocytes T CD4+ spécifiques du VIH et infectés est en permanence renouvelé".
Pour cette raison, un rebond viral pendant une interruption thérapeutique programmée peut conduire à une infection relativement spécifique des cellules justement capables de répondre au virus. "Bien que de courtes interruptions thérapeutiques programmées ne conduisent pas à une augmentation du taux de VIH, des interruptions plus longues, qui permettent une augmentation de la charge virale, pourraient résulter en des dommages à long terme sur la capacité du système immunitaire à combattre le VIH", commente le Dr Daniel Douek dans un communiqué des NIH.
Celui-ci ajoute qu'une forte réponse spécifique des CD8+ doit être envisagée dans un vaccin anti-VIH. "Nous travaillons sur des vaccins à ADN de type 'prime-boost'. Ces vaccins en deux parties stimulent d'abord (prime) le système immunitaire avec une injection d'ADN du VIH avant d'intensifier (boost) la réponse immunitaire avec un vecteur viral qui contient d'autres gènes du VIH. Le boost augmente la réponse des CD8+."
Source : Nature 2002;417:95-8. NIH/National Institute of Allergy and Infectious Diseases.
SR
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