Un vaccin protège des crises d'épilepsie chez le rat
Un vaccin oral protège des crises d'épilepsie et des dégâts causés par une attaque cérébrale. Ce vaccin, testé chez le rat, génère des anticorps dirigés contre une protéine localisée dans le cerveau. Les scientifiques à l'origine de cette découverte rapportent, dans la dernière parution de Science, qu'une telle stratégie pourrait être mise en œuvre pour le traitement de certains désordres neurologiques.
Les anticorps générés par la réponse humorale sont dirigés contre une sous-unité d'un récepteur cellulaire (le récepteur du N-méthyl-D-aspartate ou récepteur au NMDA). Ce vaccin a été véhiculé par un système adénovirus. Il n'a pas entraîné de modification du comportement des rats 5 mois après son administration.
Les chercheurs ont induit de façon expérimentale des crises d'épilepsie chez les rats vaccinés et chez des rats contrôles. Ceci a entraîné un état épileptique chez 19 des 25 rats contrôle (soit 76 %) contre 2 des 9 rats immunisés (22 %). Cet effet protecteur a été retrouvé chez les rats vaccinés ayant subi une obstruction de l'artère cérébrale moyenne.
Contrairement à des antagonistes du NMDA, le vaccin ne provoque pas d'effet secondaire significatif. Selon les auteurs, ceci pourrait s'expliquer par le passage des anticorps à travers la barrière hémato-encéphalique uniquement après une atteinte des neurones. Ils précisent dans un entretien donné à l'agence Reuteurs que "la délivrance sélective de cet agent neuroprotecteur est limitée à la zone endommagée et au moment précis de la blessure". Le Dr M. During (Department of Neurosurgery, Thomas Jefferson University, Philadelphie) indique également que cette stratégie pourrait être envisagée comme une mesure prophylactique pour protéger le cerveau.
Cependant, les effets à long terme d'un tel vaccin restent indéterminés. Le Dr During signale que la prochaine étape des recherches impliquera des patients humains, bien qu'il soit trop tôt pour que le vaccin soit utilisé. Cependant, des patients hospitalisés présentant un risque élevé d'attaque cérébrale à court terme pourraient recevoir des anticorps identiques à ceux générés par le vaccin. Cette étude permettrait de déterminer si de tels anticorps sont capables de prévenir de telles affections ou de limiter leurs dégâts.
Source : Science, 25 février 2000 ; Vol. 287: 1453-60
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