Déterminisme génétique de l’anxiété: une question de récepteurs au bon endroit et au bon moment

L’ingénierie génétique de la souris nous offre décidément de précieux outils de plus en plus élaborés, pour étudier telle maladie ou tel phénomène biologique. Des chercheurs américains ont mis au point des lignées de souris transgéniques ‘knockout’ conditionnelles, exprimant le récepteur à la sérotonine1A (5-HT1AR), à l’endroit voulu et au moment désiré. Les chercheurs ont ainsi pu mettre en évidence que si l’expression de HT1AR ne se fait pas dans une région précise du cerveau durant une courte période post-natale, les animaux adopteront un comportement anormalement anxieux durant leur vie adulte.

Les chercheurs du centre de neurologie et du comportement de l’université de Columbia (New York, EU) ont généré des lignées de souris transgéniques déficientes pour HT1AR, un des éléments impliqué dans le système sérotoninergique intervenant dans la régulation de l’humeur chez les mammifères.

Grâce à un procédé élégant d’expression conditionnelle spatio-temporelle du récepteur HT1AR, l’équipe de René Hen a montré que l’expression initiale de HT1AR dans l’hippocampe et le cortex, mais pas dans le ‘raphe nuclei’, était suffisante pour recouvrer un phénotype comportemental normal chez une souris knockout pour HT1AR.

De plus, les auteurs sont allés plus loin grâce à leur système et ont montré que l’expression de HT1AR durant une courte période post-natale, mais pas durant l’âge adulte, était nécessaire au recouvrement du phénotype normal des animaux.

Les chercheurs voient dans leurs recherches, avec ces connaissances nouvelles sur l’action de la sérotonine sur l’humeur, des voies d’investigation vers le développement de thérapeutiques comportementales chez l’adulte.

Ils espèrent étendre leur technique de modulation des transgènes à d’autres voies impliquant des neurotransmetteurs gouvernant les comportements.

Source : Nature 28 mars 2002;416:396-400

PI