L'immunothérapie homéopathique est inefficace dans le traitement des sujets asthmatiques et allergiques aux acariens
Ceci est la conclusion d'un essai clinique qui a comparé cette méthode thérapeutique à un placebo chez 242 patients. Il n'y a pas eu de différence entre les deux groupes pour les mesures de la fonction pulmonaire ou de la qualité de vie.
Cette étude très rigoureuse est publiée dans le British Medical Journal du 2 mars. L'essai randomisé, en double aveugle et contre placebo portait sur 242 patients asthmatiques et allergiques aux acariens de la poussière de maison.
Après un examen initial des patients, ces derniers ont été assignés par tirage au sort à un des groupes placebo ou immunothérapie homéopathique. La préparation homéopathique (Laboratoire Boiron) a été préparée par des dilutions successives avec dynamisation d'une teinture mère d'acariens pour obtenir une préparation à 30C (30 dilutions au 1:100). Le placebo a été préparé selon le même protocole mais sans acariens. Les patients ont reçu l'une des deux préparations trois fois sur 24 heures et ont été examinés pendant 16 semaines.
Il n'y a pas eu de différence entre les groupes d'après la mesure du VEMS (volume expiratoire maximal seconde), la qualité de vie et l'humeur, rapportent le Dr Lewith (Southampton General Hospital) et ses collaborateurs. La mesure du VEMS et de la qualité de vie liée à l'asthme étaient en faveur d'une amélioration dans les deux groupes mais sans différence entre les groupes.
Les auteurs concluent donc que l'immunothérapie homéopathique utilisée n'est pas plus efficace que le placebo pour cette indication et chez ces patients. Lewith et ses collaborateurs ont toutefois observé que le profil des changements observés pendant l'essai était différent dans les deux groupes, sans que cela n'influence le résultat final de la comparaison. Ce profil différent doit être pris avec précaution, écrivent les auteurs.
Dans un éditorial du BMJ, Gene Felder (Queen Mary's School of Medicine and Dentistry, Londres) et Tessa Katz (omnipraticien, Londres) posent la question de l'intérêt de ces essais randomisés et contrôlés sur l'homéopathie.
Selon eux, ceux qui prescrivent des médicaments homéopathiques ne seront pas influencés par ces résultats puisque la construction même de ces essais exclut la possibilité d'un traitement personnalisé, "la marque de fabrique de la pratique homéopathique" précisent-ils. De l'autre côté de la barrière, les médecins qui n'utilisent pas l'homéopathie ne changeront vraisemblablement pas leur pratique en fonction du résultat de ces essais.
Gene Felder et Tessa Katz pensent plutôt que la question de l'effet physique des ultradilutions devrait être approchée par le soutien de programmes de recherche fondamentale en laboratoire.
Source : BMJ 2002;324:498-9, 520-3
SR
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