Des cellules souches de primates obtenues à partir d'ovocytes non fécondés
Des chercheurs sont parvenus pour la première fois à générer une lignée de cellules pluripotentes à partir d'ovocytes de primates non fécondés. Obtenues par parthénogenèse, ces cellules souches pluripotentes de primates sont capables de se différencier en une grande variété de lignées cellulaires. Dans une optique de thérapie cellulaire, cette approche (si elle est applicable à l'homme) éviterait d'avoir recours à des embryons matures et fonctionnels pour recueillir les cellules souches.
Cette découverte est présentée par Cibelli et al. dans la revue Science du 1° février. "La parthénogenèse est un processus par lequel un œuf peut se développer en embryon en l'absence de sperme", rappellent les auteurs dans leur publication. Les embryons de mammifères obtenus par parthénogenèse ne peuvent toutefois pas se développer jusqu'au terme.
Jose Cibelli (Advanced Cell Technology) et ses collaborateurs ont utilisé 77 ovocytes de primates (Macaca fascicularis) : la parthénogenèse a pu être activée in vitro pour 28 d'entres eux. Seulement quatre ont atteint le stade blastocyte. Une seule lignée cellulaire stable a été obtenue à partir de ces quatre blastocytes. Ces cellules nommées Cyno-1 par les chercheurs présentaient les caractères spécifiques des cellules souches embryonnaires de primate. Elles ont pu être cultivées pendant 10 mois tout en conservant leur caractère indifférencié.
En culture, il a été possible de différencier les Cyno-1 en neurones et astrocytes. Environ un quart des neurones était formé de neurones dopaminergiques. En modifiant les conditions de cultures, les chercheurs ont également obtenu des cellules de type cardiomyocytes avec une activité contractile spontanée. D'autres types cellulaires ont été générés : cellules de muscle lisse, adipocytes, cellules épithéliales ciliées.
Injectées à des souris, les Cyno-1 se sont là aussi différenciées en de nombreuses lignées cellulaires. Des cellules dérivées ont été retrouvées dans le tissu cartilagineux, musculaire, osseux mais aussi parmi la population neuronale, les mélanocytes, les follicules pileux ou encore l'épithélium respiratoire et intestinal.
"Des types cellulaires différenciés obtenus in vitro par parthénogenèse écartent la nécessité de produire ou disséquer un embryon normal et compétent", observent Cibelli et ses confrères. Ils ajoutent que cette possibilité pourrait en partie répondre aux problèmes éthiques et avoir un impact positif sur le débat sur la recherche sur les cellules souches.
Source : Science 2002;295:819
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