Tabagisme passif : les risques de cancer du poumon seraient surestimés

L'augmentation du risque de cancer du poumon chez les fumeurs passifs serait surestimée selon de statisticiens anglais. Cette augmentation pourrait être de 15 % alors qu'elle était jusqu'à présent évaluée à 24 %.

Selon un étude précédente (Hackshaw & al. BMJ 1997;315:980-8) qui reprenait les résultats de 37 enquêtes différentes, le risque de développer un cancer du poumon serait augmenté de 24 % en cas de tabagisme passif. J. Copas et J. Shi (Université de Warwick, Angleterre) démontrent, dans la dernière parution du British Medical Journal, que ces résultats sont faussés par "un biais de publication". Les auteurs expliquent qu'un "biais de publication apparaît lorsque des résultats positifs ont plus tendance à être rédigés, soumis à un journal et publiés que des résultats négatifs". Ceci revient à dire que lorsqu'une étude statistique globale (telle que l'étude Hackshaw) reprend les résultats de travaux précédents, les chercheurs ne disposent pas de toutes les études réalisées, mais seulement de celles qui ont été publiées et qui présentent des résultats positifs. Dans le cas de l'étude Hackshaw, J.Copas montre que des enquêtes, réalisées sur des échantillons de petite taille et présentant des résultats négatifs, sembleraient ne pas été prises en compte car non publiées. La prise en compte de ce biais dans l'analyse globale des 37 enquêtes précédentes modifie sensiblement le résultat. En effet, l'augmentation du risque de cancer du poumon serait alors plus proche de 15 % que de 24 %. J. Copas estime donc que "l'estimation de l'augmentation de risque de cancer du poumon associé à un tabagisme passif doit être interprétée avec précaution". Plus largement, ces travaux soulèvent le problème du choix des articles scientifiques pour les éditeurs et des impératifs de publications pour les chercheurs. Source: British Medical Journal, 12 Février 2000, Vol. 320, 417-418 L'intégralité de cette publication est consultable en ligne sur le site bmj.com.