Un nouveau sous-type de diabète de type 1 identifié au Japon
L'existence d’un nouveau sous-type de diabète de type 1, non auto-immun et fulminant, caractérisé par l’absence à la fois d’insulite et d’anticorps associés au diabète, par un début extrêmement rapide et des concentrations élevées des enzymes pancréatiques, est rapportée dans le New England Journal of Medicine. Uniquement observée à ce jour chez l’adulte, cette forme particulière de diabète idiopathique est décrite par des médecins et chercheurs japonais.
Le Dr Akihisa Imagawa et ses collaborateurs (Université d'Osaka) ont étudié 56 adultes japonais consécutifs avec un diabète de type 1. Parmi eux, 11 patients, âgés de 25 à 57 ans, ont présenté un sous-type de diabète qui diffère sur de nombreux points du diabète auto-immun.
Tout d’abord, aucun signe d’auto-immunité n’a été détecté. Ces patients n’avaient pas d’anticorps sériques associés au diabète, notamment d’anticorps dirigés contre les antigènes des ilôts, l’enzyme GAD (glutamic acid decarboxylase), l’IA-2 (tyrosine phosphatase-like protein), ou l’insuline. De même, les biopsies pancréatiques n’ont révélé aucune insulite, ni hyperexpression des molécules du CMH de classe I dans les ilôts.
Ensuite, le début du diabète déclaré a été rapide : l’acidocétose est survenue peu de temps après les symptômes de l’hyperglycémie. Ces derniers ont en moyenne précédé le diagnostic de 4 jours. Cette hyperglycémie de courte durée s’est accompagnée chez ces patients par des valeurs d’hémoglobine glycosylée quasi-normales. La capacité de sécrétion de l’insuline, estimée sur l’excrétion urinaire du peptide-C, était basse.
Enfin, ces patients avaient des concentrations sériques nettement élevées d’enzymes pancréatiques (amylase et élastase I), ce qui n’est pas pour surprendre dans la mesure où les chercheurs ont observé une importante infiltration lymphocytaire du pancréas exocrine sur les prélèvements biopsiques. De plus, aucun de ces 11 patients ne consommait beaucoup d’alcool et les échographies pancréatiques étaient toutes normales : rien qui ne puisse donc évoquer une pancréatite classique.
Ce curieux diabète pourrait-il ne survenir que chez les patients japonais ? Probablement pas, répond Ake Lernmark (Université de Washington, Seattle) dans un éditorial associé. Cette spécialiste fonde notamment sa réponse sur la connaissance des haplotypes HLA des 11 patients décrits. L’un d’eux possède un haplotype fortement associé au diabète de type 1, retrouvé à la fois chez les personnes de race blanche et chez les Japonais.
On ignore le mécanisme précis de la destruction des ilôts des cellules ß dans ce sous-type de diabète idiopathique (de type 1B, par opposition au type 1A auto-immun). Cela dit, le début brutal de ce diabète, la présence d’un infiltrat lymphocytaire dans le pancréas exocrine, et l’affinité de certains virus pour ce tissu, laissent à penser que la cause pourrait être virale, selon les auteurs japonais.
Pour l’éditorialiste, rien n’est moins sûr. Elle note qu’aucun des patients n’a fait de maladie infectieuse. En revanche, elle fait remarquer que quatre d’entre eux avaient une histoire familiale de diabète, ce qui pourrait indiquer une exposition à un facteur environnemental, à une susceptibilité génétique, ou au deux. Selon elle, dans la mesure où certains de ces patients présentent une susceptibilité génétique au diabète auto-immun de type 1, il n’est pas interdit de penser que leur diabète résulte d’une destruction si rapide des cellules ß par un agent de l’environnement que la réponse auto-immune classique n’a même pas eu le temps de se développer.
Source : The New England Journal of Medicine, 3 février 2000, Vol.342, N°5, 301-7, 344-5.
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