Médicaments génériques ou médicaments sous licence : des précautions à prendre dans certains cas
Pour certains médicaments, le passage des formes sous licence aux formes génériques pourrait poser problème si certaines précautions ne sont pas prises. Dans le dernier Neurology, des cliniciens américains montrent que deux formulations de phénytoïne (anti-épileptique), l'une générique, l'autre sous licence, pourraient avoir des effets très différents sur les patients, et ce en dépit d'un même dosage en principe actif.
Ce travail ne remet pas en cause l'intérêt des médicaments génériques face aux produits sous licence. Néanmoins, il pose la question du passage de l'un à l'autre, avec la possibilité de différences pharmacologiques notables entre les deux formulations.
Dans leur article, le Dr Wilder (Université de Floride) et ses collobarateurs rappellent que dans la plupart des cas, les médicaments sont interchangeables mais "pour certains médicaments contre l'épilepsie, intervertir les produits peut conduire à des effets toxiques ou à une perte de contrôle des crises".
Plus précisément, le groupe mené par Wilder s'est intéressé à la phénytoïne, l'anti-épileptique le plus prescrit aux Etats-Unis.
"Contrairement à beaucoup d'autres médicaments, la phénytoïne ne répond pas d'une manière linéaire dans le corps. "Par exemple, une modification de 6 % de la biodisponibilité (fraction active libérée) peut conduire à une augmentation de 25 % de la quantité de phénytoïne dans le sang". Par ailleurs, la dose thérapeutique de la phénytoïne est étroite.
Pour l'étude, 24 volontaires ont reçu une dose unique de phénytoïne générique ou sous licence au moment d'un repas riche en graisse. Bien entendu, la quantité de principe actif était identique dans les deux présentations.
La biodisponibilité du générique était 13 % inférieure à celle du produit sous licence, expliquent les auteurs. En utilisant les données pharmacocinétiques obtenues sur 30 patients épileptiques, les chercheurs ont simulé les conséquences de cette différence de biodisponibilité.
Ainsi, si le médicament sous licence est remplacé par le générique, il y aura une réduction médiane de 37 % (19 % à 58 %) de la concentration plasmatique en phénytoïne. Sur cette base, 46 % des patients seraient en dessous de la dose thérapeutique.
Si l'on remplace le générique par le médicament sous licence, la simulation indique une augmentation de 15 % de la biodisponibilité, ce qui correspondrait à une augmentation de 102 % de la concentration plasmatique en phénytoïne : 84 % des patients seraient alors au-dessus de la dose thérapeutique, ce qui pourrait avoir des effets secondaires sérieux.
Source : Neurology 2001;57:582-9. American Academy of Neurology.
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