Pilule de troisième génération et risque de thrombose veineuse : les conclusions d'une nouvelle méta-analyse
Des épidémiologistes néerlandais viennent de publier dans le BMJ une méta-analyse sur le lien entre les pilules de troisième génération et le risque de thrombose veineuse. D'après leurs conclusions, ce risque serait 1,7 fois plus élevé avec les contraceptifs oraux de troisième génération qu'avec ceux de deuxième génération. L'établissement d'un consensus sur la question paraît plus que jamais nécessaire.
Le risque de thrombose veineuse lié aux pilules de troisième génération est encore largement débattu, notamment sur la quantification du risque et sur les conclusions pratiques à en tirer. Dans le British Medical Journal du 21 juillet, Kemmeren et al. publient une méta-analyse utilisant 13 études sur le sujet. Ces études étaient des études de cohortes ou des études cas/contrôles dont les données avaient été recueillies avant novembre 1995.
Les auteurs expliquent que cette date a été choisie en raison de la publication à cette époque de résultats associant pilules de troisième génération et thrombose veineuse. Des modifications du comportement de prescription auraient pu biaiser les études ultérieures.
Le risque ajusté de thrombose veineuse était multiplié par 1,7 (IC 95 % = 1,4-2,0) avec les pilules de troisième génération par rapport à la deuxième génération. Les auteurs n'ont pas trouvé de différence selon qu'elles contenaient du désogestrel ou du gestodène comparé à celles contenant du levonorgestrel.
Chez celles qui prenaient pour la première fois la pilule, le risque de thrombose veineuse était 3,1 (2,0-4,6) fois plus élevé avec la troisième génération qu'avec la deuxième. Des différences apparaissaient également selon la durée du traitement contraceptif.
Un autre fait intéressant était l'existence d'une différence entre les études financées par l'industrie pharmaceutique et les autres études. Le risque relatif de thrombose veineuse entre les pilules de troisième et deuxième génération était de 1,3 pour les études financées par l'industrie comparé à 2,3 pour les autres formes de financement.
Les auteurs estiment que ces données sont en accord avec une augmentation du risque de thrombose veineuse avec les contraceptifs oraux de troisième génération comparé à ceux de deuxième génération. "L'augmentation observée ne peut être expliquée par plusieurs biais potentiels", écrivent Kemmeren et al.
Ces travaux font l'objet d'un éditorial rédigé par le Dr J.O Drife, professeur d'obstétrique à la General Infirmary de Leeds. Celui-ci souligne le besoin d'un consensus sur la question et sur l'établissement de recommandations claires. "Finalement, au lieu de débattre pour savoir si les risques sont de 1 ou 10 sur un million, nous devrions nous rappeler que dans la majorité des pays le risque de décès associé à la grossesse est au moins des centaines de fois plus élevé que ça. Des milliers de vies pourraient être sauvées chaque année si la contraception était plus accessible dans les pays en développement", conclut-il.
Source : BMJ 2001;323:1-9, 119-20.
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