Dyslexie : une même base neurocognitive mais des manifestations différentes selon la langue
Une équipe de chercheurs italiens, français et anglais vient de montrer que les mécanismes à l'origine de la dyslexie sont les mêmes quelle que soit la langue pratiquée. Néanmoins, les personnes dyslexiques éprouvent des difficultés de lecture variables en fonction de l'orthographe de leur langue maternelle.
Les résultats de cette étude internationale sont publiés dans la revue Science du 16 mars. Dans leur article, Paulesu et al soulignent qu'il était jusqu'à présent difficile de savoir si ces difficultés de lecture et d'écriture étaient universelles puisque la prévalence de la dyslexie était soumise à variation selon le pays. Ainsi, la proportion d'enfants de 10 ans dyslexiques est deux fois moins importante en Italie qu'aux Etats-Unis. Ces données appellent naturellement à s'interroger sur l'origine de cette différence : les troubles cérébraux sont-ils plus marqués dans certains pays ou est-ce les différences observées sont le résultat d'autres facteurs ?
Les travaux de Paulesu et al apportent une réponse claire et indiquent "qu'il y a une base neurocognitive universelle à la dyslexie et que les différences des performances en lecture chez les dyslexiques de différents pays sont dues à des orthographes différentes".
Ces auteurs ont étudié des étudiants dyslexiques anglais, italiens et français. Les tests de lecture ont montré que les italiens obtenaient de meilleurs résultats que leurs homologues français et anglais : ils étaient plus rapides et faisaient moins d'erreurs. Les auteurs évoquent à ce sujet le fait que l'italien soit une langue "régulière", plus facile à lire et écrire que l'anglais et le français, langues qualifiées d'irrégulières chez les quelles les graphèmes (combinaisons de lettres) sont plus nombreux.
L'origine biologique de la dyslexie a été étudiée par imagerie TEP (tomographie à émission de positions) chez ces sujets dyslexiques. L'acquisition du signal a été réalisée pendant que les sujets lisaient une suite de mots.
Par rapport à des sujets contrôles, les personnes dyslexiques des trois nationalités étudiées ont montré une activité réduite dans la zone inférieure du lobe temporal gauche.
Cette étude indique donc que les dyslexiques partagent les même troubles biologiques mais que l'expression de ces troubles reste variable selon la difficulté de la langue. Cela peut expliquer le nombre de dyslexiques apparemment peu élevé en Italie, car la dyslexie serait plus difficile à dépister dans ce pays.
Source : Science 2001;291:2165-67. Communiqué de l'Inserm.
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