ChatGPT, un outil de prévention et de premier recours à destination des patients ?
Pour obtenir des conseils de prévention des maladies cardiovasculaires, les patients peuvent explorer des sources d’informations, notamment sur Internet, ou communiquer avec leur médecin. Ils ont depuis peu une nouvelle alternative avec les modèles de langage d’intelligence artificielle à base de dialogue à l’instar de ChatGPT qui fédère plus de 100 millions d’utilisateurs et suscite un grand intérêt dans les médias
ChatGPT pourrait aider les patients à prévenir les maladies cardiovasculaires
Dans une étude publiée dans le JAMA des chercheurs ont évalué la pertinence de ChatGTP comme outil de prévention des maladies cardiovasculaires à destination des patients et du public. Les chercheurs ont posé 25 questions sur des concepts fondamentaux de prévention des maladies cardiovasculaires, y compris le conseil sur les facteurs de risque, les résultats des tests et les informations sur les médicaments. Ils ont soumis les questions au chatbot AI trois fois et chaque ensemble de réponses a été évalué par un médecin.
Le médecin examinateur a classé les réponses comme appropriées, inappropriées ou peu fiables si les réponses du chatbot variaient dans chaque ensemble. Les examinateurs ont également évalué les réponses dans deux contextes : tout d’abord en tant que plateforme destinée aux patients et ensuite en tant que réponses à des messages de patients envoyés à un clinicien pour examen.
L’étude a révélé que 21 des 25 questions étaient considérées comme appropriées dans les deux contextes, tandis que quatre ont été classées inappropriées dans les deux scénarios. Dans trois des quatre ensembles de réponses inappropriées, toutes les trois réponses étaient incorrectes, tandis qu’un ensemble n’avait qu’une réponse inappropriée.
Les chercheurs ont noté plusieurs limitations dans leur analyse. À ce stade, le chatbot n’est pas conçu pour un usage médical et la prévention des maladies cardiovasculaires ne peut pas être couverte en seulement 25 questions. Les auteurs estiment qu’il faudrait mobiliser plus d’examinateurs ou mettre en place un système formel d’évaluation des réponses pour limiter la subjectivité des opinions des évaluateurs.
S’il faut se garder de toute conclusion hâtive sur la pertinence de cet outil en matière de prévention de la santé cardiovasculaire, un modèle de langage d’intelligence artificielle à base de dialogue tel que ChatGPT fournit une interface utilisateur qui semble bien plus conviviale et interactive qu’une recherche par mots ou phrases clés sur Internet. Au-delà de leurs capacités de rédaction et de synthèse, ces outils innovent notamment en raison de leur aptitude à mémoriser le contexte et les points clés d’une conversation. Et rien que pour cette raison, il présente un potentiel de développement important.
Ce potentiel est en cours d’exploration par certaines entreprises qui cherchent à développer l’usage des chatbots dans le domaine de la santé.
L’IA conversationnelle un outil de premier recours ?
C’est le cas de Wysa, qui fabrique un chatbot qui guide les utilisateurs à travers la thérapie comportementale cognitive (TCC) pour traiter des symptômes de dépression, d’anxiété et de stress. L’entreprise a levé 20 millions de dollars l’été dernier et revendique pas moins de 500 millions conversations avec 5 millions de personnes sur leur santé mentale.
Wysa affirme que 4 employés sur 10 sont en souffrance psychologique, mais que seulement 7 % sont pris en charge, ce qui finit par couter aux employeurs 580 $ par employé par an en absence ou en perte de productivité. En parlant à Wysa, 42 % des employés ont ouvertement parlé de leur santé mentale déclinante. 9 personnes sur 10 ont trouvé les conservations utiles. Wysa estime que l’IA pourrait prendre en charge 80 % de la « charge de soutien » nécessaire à l’écoute des patients qui en ont besoin et optimiser ainsi la prise en charge par un « thérapeute humain ».
Woebot est un chatbot de santé mentale qui utilise la thérapie comportementale et cognitive (TCC), la psychothérapie interpersonnelle et la thérapie comportementale et dialectique (TCD) pour fournir un soutien thérapeutique. Il utilise l’intelligence artificielle et le traitement du langage naturel pour établir une relation de confiance avec les utilisateurs et fournir des techniques cliniquement validées de manière abordable et conversationnelle. En 2021, la FDA a accordé à l’entreprise la désignation de dispositif révolutionnaire pour le traitement de la dépression post-partum.
Citons enfin Ada Health, qui est une entreprise allemande spécialisée dans la santé numérique. Elle développe une application mobile qui utilise l’intelligence artificielle pour aider les utilisateurs à évaluer leurs symptômes médicaux et à les orienter vers des soins adaptés. L’application fonctionne en demandant à l’utilisateur de décrire ses symptômes, puis en utilisant des algorithmes pour fournir un diagnostic potentiel et des conseils sur les soins à recevoir. Elle a levé 30 millions de dollars en février 2022 et vient de lancer un parcours de soins numérique pour la COVID-19 développé avec Pfizer.
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