Oestradiol libre et biodisponible : des marqueurs du déclin cognitif chez les femmes âgées ?
Les femmes qui présentent une concentration en œstradiol libre ou biodisponible élevée sont moins nombreuses à présenter un déclin cognitif lors du vieillissement, révèle une étude parue dans le Lancet.
Le Dr K. Yaffe de l'Université de Californie à San Francisco a conduit une étude destinée à évaluer la relation entre le déclin des fonctions cognitives et les concentrations plasmatiques en œstradiol libre et biodisponible (faiblement lié aux protéines). Cette étude a été conduite chez 425 femmes blanches de plus de 65 ans.
De précédentes études n'avaient pas montré d'association entre la concentration totale en œstradiol et l'évolution du statut cognitif au cours du vieillissement. Le but de l'équipe menée par K. Yaffe était de procéder à une analyse plus fine, centrée sur l'œstradiol libre ou biodisponible, en supposant que ces deux formes franchissaient la barrière hémato-encéphalique plus aisément.
Les performances cognitives des sujets ont été évaluées entre 1986 et 1988 à l'aide du "modified mini mental status examination" (mMMSE), réparti sur une échelle de 0 à 26, les meilleurs scores faisant état d'un meilleur statut cognitif. Les échantillons sanguins recueillis ont été congelés à – 190°C.
Six ans plus tard, les auteurs ont procédé à une nouvelle évaluation des sujets ainsi qu'à un dosage de la concentration en testostérone, œstradiol libre et œstradiol biodisponible. Ces concentrations ont été mesurées sur les échantillons récoltés à l'inclusion. Selon ces concentrations, les sujets ont été classés en 3 groupes (bas, moyen, élevé).
Les scores obtenus au mMMSE au moment de l'inclusion n'étaient pas significativement différents selon les concentrations initiales en testostérone, œstradiol libre et bio disponible.
Les auteurs ont montré que seulement 5 % des femmes du groupe [œstradiol libre élevé] ont présenté un déclin de plus de 3 points au mMMSE après 6 ans. En comparaison, 17 % des femmes du groupe [œstradiol libre bas] ont vu leur score décliner de plus de 3 points. L'odds ratio mesuré est de 0,3 (IC 95 % = 0,1-0,8).
Cette différence reste significative (odds ratio = 0,3 ; IC 95 % = 0,1-0,9) après ajustement pour l'âge, le niveau d'instruction, l'index de masse corporelle, la prise d'œstrogènes et le score initial au mMMSE.
Yaffe & al. indiquent que des résultats similaires ont été retrouvés pour la mesure le l'œstradiol biodisponible (5 % contre 15 %, odds ratio = 0,3 ; IC 95 % = 0,1-1,0).
Par contre, la concentration en testostérone n'est pas apparue associée à l'évolution cognitive des patients, mesurée selon le mMMSE.
Dans un commentaire de l'étude, le Dr M. Tierney (Sunnybrook & Women's College Health Sciences Center, Toronto) souligne que ces résultats attestent de la relation entre l'œstradiol et le déclin cognitif au cours du vieillissement chez les femmes. Cependant, elle précise que l'échelle employée (mMMSE) ne constitue le moyen d'investigation le plus sensible et que la confirmation de ces résultats sur un échantillon plus représentatif reste indispensable.
En conclusion, elle déclare que si cette relation est confirmée, il restera à évaluer l'effet de faibles doses d'hormonothérapie substitutive chez les femmes à risque.
Source : Lancet 2000;356:708-712. Communiqué de presse du Lancet. lien vers le site www.thelancet.com
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