Transplantation et émergence de souches de cytomégalovirus résistantes au ganciclovir
Une étude parue dans le Lancet indique que les souches de cytomégalovirus (CMV) résistantes au ganciclovir sont une source importante de morbidité après une transplantation d'organe provenant d'un donneur séropositif pour le CMV. Parmi les receveurs initialement séronégatifs, ces résistances seraient plus fréquentes dans le cas d'immunosuppressions lourdes et de traitement prolongé au ganciclovir.
Le ganciclovir est utilisé en prophylaxie chez le receveur afin de prévenir les infections au CMV consécutives à une transplantation d'organe. Les cas de résistance au ganciclovir ont été largement décrits chez les patients infectés par le VIH. Cependant, seuls des cas isolés ont été rapportés dans le cadre de transplantations d'organes.
Le Dr A. Limaye (University of Washington Medical Center, Seattle) et plusieurs confrères ont étudié 240 sujets ayant bénéficié d'une transplantation (foie, rein ou pancréas). Les receveurs CMV+ avant la transplantation (R+) et les receveurs CMV- d'un greffon d'un donneur CMV+ (D+/R-) ont été particulièrement étudiés. Les patients R+ ou D+/R- ont reçu du ganciclovir en IV puis par voie orale environ 4-5 jours après la transplantation.
Les auteurs indiquent que 7 % (5/67) des patients D+/R- ont développé une pathologie due à des souches de CMV résistantes. Parallèlement, aucun cas de résistance n'a été observé chez les receveurs initialement séropositifs.
Les résistances au ganciclovir étaient plus fréquentes dans le cas d'immunosuppressions intensives : 4 cas sur 19 pour les transplantations de reins et pancréas ou pancréas seul et 1 cas sur 48 pour tous les autres transplants.
Les résistances ont été diagnostiquées après une durée médiane de 10 mois après la transplantation. De plus, l'apparition de ces résistantes était associée à un traitement au ganciclovir prolongé et conduisait à des complications cliniques sévères, notent les chercheurs.
Le Dr A. Limaye et ses collègues indiquent dans leur conclusion que ces résultats suggèrent la mise en place de nouvelles stratégies prophylactiques, faisant appel notamment à de nouveaux médicaments antiviraux pour le traitement des infections au CMV. "De plus, le suivi et la prophylaxie doivent être poursuivies jusqu'à 12 mois après la transplantation chez patients D+/R- à risque", soulignent les auteurs.
Source : Lancet 2000;356:645-49
Descripteur MESH : Ganciclovir , Transplantation , Morbidité , Patients , Pancréas , Antiviraux , Foie , Rein , Risque , Transplants , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Washington