Les estrogènes ne semblent pas améliorer les fonctions cognitives des patientes atteintes de la maladie d'Alzheimer
Les résultats d'une étude parue dans Neurology indiquent qu'un traitement à base d'estrogènes pendant 12 semaines ne modifie pas la sévérité de la maladie chez des femmes ménopausées atteintes de la maladie d'Alzheimer. Cette étude randomisée et contrôlée est la troisième cette année à remettre en question ce type de traitement.
Des chercheurs de Taiwan ont procédé à un essai randomisé en double aveugle avec contrôle placebo sur 50 patientes ménopausées souffrant d'Alzheimer. Au total, 25 patientes ont reçu des estrogènes naturels et sulfoconjugués (Premarin®, 1,25 mg /jour pendant 12 semaines) et 25 un placebo.
Le Dr H. C. Liu (Neurological Institute of the Taipei Veterans Hospital, Taiwan) ont évalué l'évolution de la maladie grâce à plusieurs échelles : Congnitive Ability Screening Instrument (CASI), Clinical Dementia Rating (CDR), Clinician Interview-Based Impression of Change (CIBIC-plus), Behavorial Pathology in Alzheimer's Disease (BEHAVE-AD), Hamilton Anxiety Rating Scale (HARS) et Hamilton Depression Rating Scale (HDRS). La perfusion cérébrale des sujets a été suivie par scintigraphie.
Les auteurs n'ont noté aucune différence significative entre les deux groupes de patientes à l'issue des 12 semaines de traitement et ce, quelle que soit l'échelle d'évaluation retenue.
"Bien que nous ayons eu plus de sujets que des études précédentes, un effectif de 50 est probablement insuffisant", note le Dr Liu. "De plus, peut-être faut-il une plus longue durée, comme un an, pour produire un effet significatif". Le Dr Liu évoque également la sensibilité des tests d'évaluation utilisés, qui serait éventuellement insuffisante pour détecter de très légères améliorations.
"C'est la troisième étude cette année qui montre que les estrogènes n'ont pas d'effet sur le traitement des femmes ménopausées atteintes de la maladie d'Alzheimer", souligne Karen Marder (Columbia University, New York) dans un éditorial qui accompagne l'article. Elle précise que ces trois essais étaient randomisés et contrôlés.
L'effet éventuel des estrogènes pour le traitement de cette affection neurologique reste donc à préciser. Il faudra en effet préciser si ces molécules peuvent retarder l'apparition des symptômes lorsqu'une thérapie de ce type est engagée avant l'apparition de la maladie.
Toutefois, les estrogènes ont chez les femmes ménopausées d'autres bénéfices bien identifiés, dont la prévention de l'ostéoporose.
Source : Communiqué de presse de l'American Academy of Neurology. Neurology 2000;54:2061-2066
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