Un poliovirus atténué pour le traitement des gliomes malins
Des chercheurs ont génétiquement modifié un poliovirus pour qu'il n'infecte pas les cellules neuronales mais qu'il se multiplie dans des lignées cellulaires de gliomes malins et les élimine. Ce poliovirus a montré une forte activité oncolytique contre des gliomes humains implantés dans le cerveau de souris. Les scientifiques indiquent que ces poliovirus oncolytiques atténués pourraient être des agents thérapeutiques appropriés en oncologie.
Les gliomes malins sont les tumeurs les plus fréquentes du SNC. Ces tumeurs sont d'un pronostic très défavorable et les traitements disponibles ne sont que d'une utilité limitée. Plusieurs stratégies ont été développées et notamment l'utilisation de virus aux propriétés oncolytiques ou des vecteurs de gènes.
Le Dr M. Gromeier (State University of New York) et plusieurs chercheurs rattachés à différents laboratoires américains ont étudié les propriétés oncolytiques d'un poliovirus recombinant atténué. Les résultats de leurs recherches viennent d'être publiés dans le numéro du 6 juin de Proceedings of the National Academy of Sciences.
Le poliovirus en question - PV1(RIPO) – se multiplie très difficilement dans des cellules de la lignée neuronale et ne présente pas de neurovirulence selon des tests menés chez des primates.
Des expériences de cultures cellulaires ont montré que le PV1(RIPO) infectait des cellules de gliome humain et induisait rapidement leur lyse.
Cette propriété a été étudiée in vivo chez des souris. Une greffe intracérébrale de cellules issues d'astrocytome anaplasique humain a été réalisée chez des souris. Les tumeurs, si elles n'étaient pas traitées, produisaient des symptômes neurologiques et le décès en 21 à 26 jours.
Des groupes de 25 souris ont reçu le PV1(RIPO) en intramusculaire, IV ou directement sur le site de la tumeur 12 jours après l'inoculation.
L'injection intramusculaire a eu peu d'effet sur la progression neurologique de la maladie ou sur le taux de survie tandis que l'injection IV a permis de retarder la progression des symptômes et le moment du décès de 11 jour.
Par contre, l'inoculation intratumorale du virus recombinant s'est accompagnée d'une amélioration des symptômes et d'un accroissement de la survie : seulement 3 souris sont mortes et parmi les 22 survivantes, 18 ne présentaient plus de trace de la tumeur. L'examen histologique avait montré que les tumeurs avaient été implantées avec succès chez toutes les souris.
Selon les chercheurs, une dérégulation de l'expression du récepteur CD155 du poliovirus dans les cellules malignes pourrait contribuer à la sensibilité de ces cellules face à ce virus modifié.
"Cette étude apporte la preuve qu'un poliovirus génétiquement modifié et atténué possède une forte activité oncolytique contre les gliomes malins", concluent les auteurs. "Des poliovirus recombinants très atténués pourraient être utilisés comme des agents antinéoplasiques biothérapeutiques".
Source : PNAS 2000;97(12):6803-6808
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