La Dnase I pour prévenir la formation de biofilms bactériens dans les poumons
Les bactéries s’organisent souvent en biofilms pour donner naissance à des formations spécifiques de colonies devenant résistantes aux traitements antibiotiques. C’est notamment ce qui se passe dans la mucoviscidose où les infections bactériennes chroniques sont fréquentes. Des chercheurs australiens et danois ont montré sur des biofilms de Pseudomonas aeruginosa, que le facteur principal de leur formation initiale était l’ADN excrété par les bactéries vivantes. Le traitement par la Dnase I, inactif après trois jours d’infection bactérienne bronchique, pourrait être utilisé en prévention des infections selon les auteurs.
Des biofilms bactériens se forment fréquemment dans les poumons des malades atteints de mucoviscidose (voir dépêche Caducée).
Les scientifiques ont montré dans ces structures la présence d’ADN, qu’ils pensaient provenir des cellules bactériennes lysées, mais ils considéraient jusqu’à présent que l’ADN n’était pas un élément important dans la formation et la stabilité des biofilms bactériens.
Cynthia Whitchurch et ses collaborateurs (Université du Queensland, Brisbane, Australie et Université technologique du Danemark, Lyngby, Danemark), sachant que la bactérie Pseudomonas aeruginosa excrétait énormément d’ADN, indépendamment de sa lyse cellulaire, se sont aperçus que l’ADN bactérien était abondant dans les biofilms, et ils ont alors émis l’hypothèse qu’il jouait un rôle fonctionnel dans leur formation.
Dans une expérience de culture cellulaire réalisée en tube à essai, les chercheurs ont montré que l’ajout de DNaseI dans le milieu de culture, inhibait considérablement la formation de biofilms de P. aeruginosa, bien que les bactéries continuaient à croître.
Dans des essais plus poussés de microfluorescence, les auteurs ont montré que 84 heures après la formation des biofilms, le traitement à la Dnase I n’était plus efficace pour les dissoudre, suggérant l’action d’enzymes protéolytiques inactivant l’action de la Dnase I.
Les chercheurs pensent que l’ADN extracellulaire bactérien est nécessaire à la formation initiale des biofilms de P. aeruginosa et peut-être également d’autres bactéries excrétant leur ADN.
Ils pensent donc que l’utilisation de Dnase I serait un traitement efficace pour prévenir la formation de biofilms à P. aeruginosa dans les poumons de personnes sujettes à des infections chroniques.
Source : Science 22 février 2002;295:1
Descripteur MESH : Biofilms , Bactéries , Mucoviscidose , Infections bactériennes , Danemark , ADN , Australie , Cellules , Essais , Personnes , Queensland , Rôle