Alzheimer : chercher du coté de la testostérone ?

La testostérone, seule ou en association avec le 17β-œstradiol, évite l'hyperphosphorylation des protéines tau. Ces protéines tau hyperphosphorylées sont les composants majeurs des enchevêtrements neurofibrillaires retrouvés dans la maladie d'Alzheimer.

Cet effet de la testostérone est rapporté par Papasozomenos et al. dans les publications avancées des Proceedings of the National Academy of Sciences.

Il serait bien entendu prématuré d'affirmer que la testostérone peu ralentir la maladie d'Alzheimer. Comme le soulignent très justement les auteurs dans leur article, ces travaux réalisés chez le rat n'ont pas été conduits sur un modèle de la maladie d'Alzheimer. Ils montrent néanmoins que l'hyperphosphorylation des protéines tau, une caractéristique des enchevêtrements neurofibrillaires (neurofibrillary tangles) dans la maladie d'Alzheimer, peut être empêchée par l'action de la testostérone.

Des travaux antérieurs avaient montré que les protéines tau pouvaient être hyperphosphorylées sous l'action de chocs thermiques chez des rates. Trois enzymes avaient été directement impliqués dans ce processus d'hyperphosphorylation.

Aujourd'hui, Papasozomenos et al. indiquent qu'il est possible d'empêcher cette hyperphosphorylation grâce à la testostérone seule ou à la combinaison testostérone + 17β-œstradiol. Par contre, le 17β-œstradiol seul ne modifie pas l'état de phosphorylation des protéines tau. Encore une fois, les chercheurs insistent sur le caractère préliminaire de cette étude sur des rates ovariectomisées et soumises à des chocs thermiques.

Cette action de la testostérone est due à l'inhibition de la suractivation de l'enzyme GSK-3beta (glycogen synthase kinase-3-beta), une des trois enzymes impliquées dans l'hyperphosphorylation des protéines tau.

Les estrogènes ont été envisagés à plusieurs reprises dans le traitement de la maladie d'Alzheimer mais les essais menés n'ont pas montré de bénéfice apparent. Ces résultats sur la testostérone laissent penser que cette hormone devrait être plus étudiée dans la maladie d'Alzheimer.

"En raison des preuves de plus en plus nombreuses de l'implication de la GSK-3beta dans la pathogénie de la maladie d'Alzheimer, la testostérone donnée seule ou en association avec le 17β-œstradiol à des femmes ménopausées apporterait probablement un effet positif pour la prévention et/ou le traitement de la maladie d'Alzheimer", estime Papasozomenos. Cette hypothèse doit être désormais testée sur des modèles animaux de la maladie d'Alzheimer.

Source : Proc Natl Acad Sci 2002. Early edition. www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.032646799