Les macrophages, un réservoir du VIH sous-estimé ?
Les travaux de chercheurs américains du NIAID (National Institute of Allergy and Infectious Disease) indiquent que les macrophages produisent de grande quantité de virus chez le singe après disparition des lymphocytes T CD4 +. Les macrophages seraient donc un réservoir important du VIH, ce qui implique de nouvelles stratégies pour éliminer le virus.
Ce résultat publié par Igarashi et al vient d'être édité sur le site Internet du journal Proceedings of the National Academy of Sciences (www.pnas.org).
"Notre travail suggère que les macrophages sont un réservoir du virus sous-apprécié dans l'infection au VIH", explique le Dr M. Martin, directeur du Laboratoire de Microbiologie Moléculaire au NIAID.
Ces chercheurs ont étudié un modèle d'infection par le VIH chez le singe Ces animaux ont été infectés par un virus chimérique (SHIV) particulièrement virulent qui induit une destruction systémique des CD4 en 3 à 4 semaines après inoculation.
Une production importante d'ARN viral a été notée durant les mois suivant en absence de CD4 : 95 % de cette production était due aux macrophages et moins de 2 % à des lymphocytes T.
"Ces cellules [macrophages] sont infectées immédiatement après l'exposition au VIH, sont relativement résistantes au virus et sont capables de produire de nombreux nouveaux virus", précise le Dr Martin. "La plupart des traitements disponibles sont dirigés contre l'infection des lymphocytes T, mais si le virus infecte et s'accumule également en grande quantité dans les macrophages, d'autres médicaments pourraient être nécessaires".
Cette hypothèse est soutenue par une expérience de traitement des singes par un inhibiteur de la transcriptase inverse. Cet inhibiteur bloque la production de virus durant la phase précoce de l'infection des lymphocytes T mais pas durant la phase d'infection des macrophages.
Selon A. Fauci, directeur du NIAID, ce résultat doit être replacé dans le contexte d'un arrêt des trithérapies chez l'homme. "Quand les patients sous trithérapie arrêtent leur traitement, le virus à l'origine du rebond virologique diffère généralement du virus latent dans les CD4, indiquant un autre réservoir pour le VIH. Si le modèle SHIV nous donne un aperçu de ce qui se passe avec le VIH chez l'homme, il pourrait montrer que les macrophages sont un réservoir important du VIH chez les personnes qui reçoivent un traitement antirétroviral".
Source : Proc Natl Acad Sci USA early edition, published January 2, 2001, 10.1073/pnas.021551798. NIAID.
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