VIH/SIDA : relation entre les réponses immunologiques et virologiques dans l'évolution clinique des patients après 6 mois de trithérapie
Une augmentation du nombre de CD4 après 6 mois de trithérapie suggère une évolution clinique favorable, indépendamment de l'évolution de la charge virale. Par contre, les patients qui présentent seulement une réduction de la charge virale ont plus de risques d'évoluer vers le SIDA.
Ces données sont les conclusions d'une étude française réalisée par Grabar et al et publiée dans le numéro d'Annals of Internal Medicine daté du 19 septembre. Ces résultats sont issus de l'analyse des données hospitalières françaises sur le VIH et concernent une cohorte de 2.236 patients provenant de 68 hôpitaux français.
L'objectif des auteurs était de définir la valeur pronostique de la réponse immunologique et virologique à la trithérapie. Une réponse immunologique était définie comme une augmentation du nombre initial de CD4 de plus de 50 cellules/µl. Une réponse virologique était définie par une réduction de la charge virale initiale de plus de 1 log10 copies/ml ou une charge virale inférieure à 1000 copies/ml.
Ces 2.236 patients ont débuté une trithérapie (inhibiteur de protéase + 2 analogues de nucléosides) entre juillet 1996 et mars 1997. Après 6 mois de traitement, les patients ont été classés en 4 groupes : réponse complète (47,5 %), absence complète de réponse (16,2 %), réponse immunologique seulement (19,0 %), réponse virologique seulement (17,3 %).
Après le 6° mois de trithérapie, le suivi médian a été de 18 mois. Durant cette période, 69 décès et 123 cas de SIDA ont été enregistrés. Après 24 mois de suivi, 4,8 % "des répondeurs complets", 7,2 % des patients avec seulement une réponse immunologique, 9,5 % des patients avec seulement une réponse virologique et 15,9 % des "non-répondeurs complet" étaient décédés ou étaient au stade SIDA.
Le risque de progression clinique ne différait pas significativement entre les patients qui présentaient une réponse complète et ceux qui présentaient seulement une réponse immunologique. Par rapport aux répondeurs complets, le risque était plus élevé chez les "non-répondeurs" (risque relatif (rr) = 3,38 ; IC 95 % = 2,28-5,02) et ceux qui présentaient seulement une réponse virologique (rr = 1.98 ; IC 95 % = 1,26-3,10).
Deux résultats importants peuvent être extraits de ces données : les réponses discordantes entre la charge virale et le nombre de CD4 sont fréquentes, et les patients avec une réponse immunologique (avec ou sans réponse virologique) ont moins de risque de progression clinique que ceux qui n'ont pas de réponse immunologique. Dans leur conclusion, les auteurs soulignent que ces données rappellent que les marqueurs immunologiques et virologiques devraient être utilisés dans l'évaluation de la réponse à la trithérapie.
Source : Ann Intern Med 2000;133:401-410
Descripteur MESH : Patients , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Charge virale , Risque , Hôpitaux , Mars