Un anticancéreux potentiel bloque la réplication du VIH-1
Des recherches menées par des scientifiques de l'Université de l'Iowa indiquent que le flavopiridol, un agent anticancéreux potentiel évalué lors d'essais cliniques de phase I et II, pourrait également être utile dans le cas d'infections au VIH.
Le Dr D. Price (University of Iowa) et plusieurs chercheurs suggèrent que le flavopiridol devrait être évalué comme thérapie éventuelle contre le VIH. Leurs résultats ont été publiés dans le Journal of Biological Chemistry.
Ces auteurs ont montré que le flavopiridol (Aventis Inc.) inhibe la transcription de l'ADN en ARN. Le flavopiridol agit sur une protéine-kinase nommée P-TEFb qui contrôle la phase d'élongation de la transcription réalisée par l'ARN polymérase II. Ce blocage de la transcription explique que ses propriétés antiprolifératives aient été étudiées dans des essais de traitement contre le cancer.
P-TEFb est également requis pour l'activation de transcription du génome du VIH par la protéine virale Tat. L'équipe de D.Price a donc cherché à évaluer dans quelle mesure le flavopiridol pouvait inhiber la réplication du VIH.
Les auteurs ont montré que le flavopiridol inhibait la transcription du génome du VIH sur des cellules en culture, limitant ainsi la synthèse des protéines nécessaires à sa réplication. Ainsi, cette molécule bloquait la réplication du VIH-1 et sa propagation à une concentration de l'ordre de 10 nM.
"Nous suggérons que le flavopiridol soit évalué comme thérapie potentielle contre le SIDA", concluent les chercheurs.
Ils précisent que le flavopiridol doit être administré par voie parentérale et que les doses maximales tolérées (200-400 nM) chez les patients cancéreux "entraînent des diarrhées et un syndrome pro-inflammatoire". Néanmoins, l'éventualité que le flavopiridol puisse être utilisé à des concentrations de 10 à 20 nM pourrait réduire la gravité des effets secondaires.
Selon l'équipe du Dr Price, l'utilisation d'un inhibiteur de P-TEFb est particulièrement intéressante puisque la cible n'est pas une molécule virale mais une protéine cellulaire : théoriquement, le flavopiridol pourrait être utilisé contre le VIH-1 et le VIH-2. De plus, ce type d'approche limiterait l'apparition de résistance. Toutefois, les conséquences de l'inhibition d'une protéine cellulaire à long terme sont difficiles à prévoir.
Source : Journal of Biological Chemistry. Article Publié sur le site www.jbc.org le 21 juillet
Descripteur MESH : VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Essais , Iowa , ARN , Génome , ADN , Cellules , Élongation de la transcription , Patients , Protéines , Syndrome , TAT