Contribution des fruits et légumes à la prévention du cancer
Les cancers représentent, dans leur ensemble, entre 25% et 30% des décès en France. Un français sur trois aura dans sa vie une tumeur bénigne ou maligne. A eux seuls, ces chiffres donnent l'idée de l'importance des cancers dans notre société et de leurs conséquences sous différents points de vue : humain, social et économique.
Des causes bien identifiées
Les études épidémiologiques, portant sur les facteurs liés aux modes de vie et à l'environnement, ont permis d'identifier un nombre important de causes du cancer. Lesquelles ? Le tabac, l'alcool, un nombre important de substances chimiques auxquelles on peut être exposé professionnellement ou dans l'environnement, les radiations, certains médicaments, l'obésité et certaines habitudes alimentaires. L'intervention sur ces facteurs pourrait amener une réduction très importante du nombre de cas de cancers :
Ainsi, d'un point de vue qualitatif, l'élimination du tabagisme réduirait à elle seule de 25 à 30% le nombre de cas de cancer chez l'homme et de 5 à 10% chez la femme.
La prévention de l'obésité pourrait être particulièrement bénéfique pour la réduction de certains cancers de la femme, en particulier le cancer de l'endomètre et le cancer du sein après la ménopause.
Quant à l'alimentation, certaines données sont aujourd'hui clairement identifiées.
Fruits et légumes une protection forte et constante
Le résultat le plus important obtenu jusqu'à présent, est la protection relativement forte et constante que confèrent les légumes et les fruits contre un certain nombre de cancers, notamment les cancers de l'appareil digestif (oropharynx, oesophage, estomac, côlon et rectum) et de l'appareil respiratoire (larynx et poumons). Il a été également fait état d'une protection conférée par les légumes, quoique d'une manière moins constante, contre les cancers d'autres localisations, comme le col utérin, le sein et le pancréas.
Des aliments suspects
Dans le sens opposé, une consommation excessivement élevée de sel, d'aliments conservés par salaison, et de viande est fortement suspectée d'augmenter le risque de cancer de différents organes, particulièrement des voies digestives.
En ce qui concerne les lipides, les résultats de la plupart des études cas-témoins et de deux récentes études prospectives de cohortes indiquent que les lipides, notamment les graisses animales, accroîssent le risque de cancer du côlon et du rectum.
Des composés protecteurs
Différentes hypothèses ont été avancées pour expliquer l'association entre l'augmentation de la consommation de fruits et de légumes et la réduction du risque de cancer. L'une des hypothèses qui prédomine suggère que les fruits et les légumes agiraient par l'intermédiaire d'une série de composés (composés antioxydants naturels, différents vitamines et minéraux, fibres alimentaires, amidons résistants à l'action des enzymes digestifs, ainsi que d'autres composants comme les couramines, les flavonoïdes, isofla-vones, isothiocyanates, lignans, et phytostérols). Ces divers composés auraient, individuellement ou par le biais de mécanismes d'interaction complexes, une action biologique préventive contre le développement tumoral.
Les déceptions de la supplémentation
Au cours de ces 15 dernières années, (parallèlement à la recherche en laboratoire, plus spécifiquement dédiée à l'identification d'anti-cancérogènes), plusieurs études expérimentales randomisées ont été mises en place, pour étudier l'effetde différentes combinaisons de vitamines, minéraux, et fibres alimentaires, utilisées le plus souvent à de fortes doses pharmacologiques, sur la survenue d'un cancer ou la récidive de lésions précancéreuses.
Les résultats sont jusqu'à présent assez décevants. Ils montrent, en effet, que la supplémentation n'a aucun effet, ou un effet modeste, sur la réduction du risque. A l'inverse, elle peut augmenter le risque de cancer, comme on a pu l'observer dans deux études expérimentales sur le béta-carotène.
Une stratégie plus sophistiquée
Ces résultats laissent entendre que le mécanisme d'action préventif des fruits et des légumes contre le cancer est probablement plus complexe qu'un modèle supposant une action spécifique d'une seule molécule sur la cancérogenèse. La recherche sur une meilleure compréhension des mécanismes d'action de l'alimentation sur la cancérogenèse s'oriente donc de plus en plus vers une stratégie plus sophistiquée, combinant à la fois des résultats obtenus en épidémiologie, en recherche de laboratoire et dans le cadre d'études d'intervention randomisées sur l'alimentation et les facteurs environnementaux.
Dr Elio Riboli
Chef du Service d'Etudes sur la Nutrition et le Cancer , Lyon Centre International de Recherche sur le Cancer, Lyon
APRIFEL - Agence pour la Recherche et l'Information en Fruits et Légumes frais
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