Pourquoi les os des femmes se brisent-ils plus facilement que leur coeur ?

Si les femmes sont peut-être plus romantiques que les hommes, leur cœur est indiscutablement plus résistant. En revanche, leur squelette est plus vulnérable et la grande majorité des fractures liées à l'ostéoporose survient chez les femmes. 
Pourquoi ces spécificités féminines ? C'est ce qu'ont tenté d'expliquer les spécialistes réunis par le CERIN fin octobre à Paris lors du colloque européen "Femmes et Nutrition"*.

Cœur : l'impunité n'est pas totale.

Comme l'a rappelé le Pr W. Koenig (Ulm, en Allemagne), l'infarctus du myocarde est peu fréquent chez la femme de moins de 65 ans ; la mortalité par infarctus est 5 fois plus basse que dans la population masculine du même âge. Elle augmente ensuite progressivement, mais reste toujours inférieure à celle des hommes.

C'est essentiellement grâce à leurs hormones que les femmes sont protégées, jusqu'à la ménopause et un peu après. En effet, les oestrogènes naturels produits par les ovaires augmentent le taux de "bon" cholestérol HDL ; ils diminuent également la tendance à former des caillots dans la circulation sanguine (caillots susceptibles de boucher les artères coronaires qui irriguent le cœur), et exercent un certain nombre d'effets bénéfiques au niveau de la paroi des artères, en la rendant notamment plus souple.
Ces bénéfices se font encore sentir même après la ménopause : les artères d'une femme sont en moyenne plus "jeunes" de 10 ans que celles d'un homme de même âge, ce qui explique que, chez la femme, les infarctus surviennent beaucoup plus tard dans la vie.

Mais attention, l'impunité n'est pas totale. Comme chez l'homme, certains facteurs augmentent le risque d'infarctus : les antécédents familiaux, l'hypertension artérielle, un taux de mauvais cholestérol trop élevé, le diabète, la sédentarité… et surtout le tabac, qui annule l'effet protecteur des hormones. Le Pr S.Grover (épidémiologiste à Montréal chargé d'évaluer le rapport coût/bénéfice des actions de prévention au Canada) a montré que l'arrêt du tabac serait bien plus efficace (et sans doute plus agréable à long terme) qu'un régime sur l'espérance de vie féminine : 3 ans gagnés avec l'arrêt du tabac contre seulement 2 mois avec le régime. De quoi faire réfléchir, et justifier les campagnes anti-tabac, alors qu'on constate une augmentation croissante du tabagisme chez les Françaises.

Os : des produits laitiers et de l'exercice physique.

En ce qui concerne les os, en revanche, les femmes sont moins bien "loties" que les hommes. Ce sont elles les principales victimes de l'ostéoporose et de ses complications, les fractures : tassements vertébraux, fractures du poignet et fractures du col du fémur.
Pourquoi ? Encore une histoire d'hormones…
L'os est un tissu vivant : il est détruit et reconstruit en permanence pour assurer son entretien ; chez la femme, les oestrogènes jouent un rôle essentiel dans ces phénomènes, notamment en favorisant la construction. à la ménopause, l'arrêt de la production hormonale entraîne un déséquilibre : la destruction est plus importante que la construction, la masse osseuse diminue rapidement et le squelette se fragilise. 
Mais il est possible de prévenir l'ostéoporose, ou en tout cas d'en limiter le risque : grâce au traitement hormonal, associé à l'activité physique, qui stimule la synthèse osseuse. Sans oublier, bien sûr, de consommer suffisamment de calcium (1200 mg/j soit l'équivalent d'un litre de lait, qu'il soit entier, demi-écrémé ou écrémé) et de protéines (celles des viandes, poissons, œufs et produits laitiers ont la meilleure qualité nutritionnelle), calcium et protéines étant les deux constituants essentiels de l'os.
Le Pr J.-Ph. Bonjour (Genève, Suisse) a en effet rappelé que les sujets âgés qui se fracturent le col du fémur ont des apports protéiques plus faibles que les autres ; et que la normalisation de ces apports améliore la densité de l'os, en stimulant les cellules chargées de la formation osseuse. 

Certes, il n'est jamais trop tard pour faire de la prévention. Mais c'est encore mieux d'être prévoyante et de s'y prendre tôt, dès l'enfance et l'adolescence, au moment où se construit le capital osseux sur lequel on devra compter toute sa vie. Pour qu'il soit le plus élevé possible, on sait aujourd'hui qu'il suffit de deux mesures très simples : une activité physique régulière et des apports calciques adéquats (900 mg/j de 7 à 9 ans et 1200 mg/j de 10 à 18 ans). 
Comme l'a souligné M.Barker (Sheffield, Royaume-Uni), la nature du calcium semble importante : celui qui est contenu dans le lait entraîne chez les petites filles et les adolescentes un gain osseux qui se maintient dans le temps, ce qui n'est pas le cas des autres formes de calcium.

Il ne reste plus qu'à faire passer le message aux enfants et surtout aux adolescentes.

Femmes et nutrition - 26/27 octobre 2000
Dossier de presse disponible sur simple demande au CERIN
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