La typhoïde
Introduction
Les fièvres typhoïdes sont l'exemple même des infections bactériennes à point de départ lymphatique mésentérique avec migration vers la circulation sanguine par le biais du réseau lymphatique. C'est une pathologie contaminante par l'intermédiaire des fèces de malades ou de porteurs sains chroniques.
Etiologie et pathologie
Les fièvres typhoïdes sont des maladies le plus souvent d'origine alimentaire provoquée par le bacilleou bacille d'Eberth et. C'est un bacille aérobie à Gram négatif mobile (muni de flagelles = antigène H) de la famille des Enterobacteriacae qui a la capacité de survivre pendant de longues périodes dans le milieu extérieur. La maladie se transmet par contamination de l'eau ou de la nourriture par les féces et urines de la personne infectée. Elle peut se propager lors de l'ingestion de crustacés et coquillages provenant d'eaux contaminées, de légumes non traités fertilisés à l'aide de matière de vidange, de lait contaminé par le bétail infecté, d'aliments manipulés par des personnes infectées. Les mouches peuvent aussi favoriser la propagation de la maladie. Une fois les bactéries dans l'intestin, les germes franchissent la muqueuse intestinale sans effraction puis disséminent par voie lymphatique et passent ensuite dans le sang : il y a alors septicémie. 2 à 5 % des personnes atteintes de la typhoïde restent porteuses chroniques et donc contagieuses.
Epidémiologie
La typhoïde fait partie des maladies à déclaration
obligatoire ("maladies faisant l'objet d'une transmission
obligatoire de données individuelles à l'autorité sanitaire =
notification individuelle à l'autorité sanitaire).
Au niveau mondial, plus de 17 millions de cas sont signalés
chaque année, et la typhoïde provoque 600 000 décès par an.
La répartition au niveau mondial de cette maladie est proche
de celle de l'hépatite A car elles sont favorisées par les
mêmes facteurs.
Cette maladie est rare dans les pays industrialisés où les
cas observés sont des cas d'importation. En France son
incidence est de 0.16 cas pour 100.000 habitants. Les deux
tiers de ces cas proviennent de voyageurs de retour d'Afrique
du Nord ou de zone tropicale. Environ 150 sont déclarés par
an en France. Moins de 200 cas par an sont signalés aux
Etats-Unis et moins de 200 cas au Canada.
En revanche, cette maladie est endémique et reste fréquente
dans les pays à faible niveau d'hygiène et/ou d'équipements
sanitaires. Elle est très répandue en Asie (sauf à Singapour
et au Japon) où on dénombre en moyenne 1000 cas par an pour
100 000 habitants ainsi qu'en Amérique du Sud (150 pour 1000
000 habitants). Le taux de prévalence est également élevé sur
tout le continent africain. Dans les régions où la maladie
est endémique, les enfants âgés de 4 à 19 ans sont les
personnes les plus à risque.
Le réservoir de germes est strictement humain. La
transmission répondant à la "règle du péril fécal" peut être
directe par contact avec des selles infectées, du linge
souillé ou par un porteur de germes qui aurait préparé ou
manipulé de la nourriture sans les précautions d'usage.
Elle peut être indirecte par l'ingestion d'aliments
(coquillages - fruits de mer ou légumes crus contaminés) ou
d'eau.
Symptômes et diagnostic
A) Incubation
Les symptômes de la typhoïde s'installent
progressivement après contamination par l'agent pathogène. La
période d'incubation varie de une à trois semaines. On
retrouve parfois la notion de diarrhée contemporaine (12 à 48
heures) fugace et qui ne retient donc pas forcément
l'attention.
B) Phase d'invasion
Les symptômes sont :
- fièvre intermittente (de 39°C à 40°C) qui s'installe
progressivement sur une semaine,
- céphalées, insomnies avec asthénie,
- troubles digestifs (anorexie, crampes abdominales
avec ventre "gargouillant", une constipation plus courante
que la diarrhée)
- douleurs musculaires et articulaires,
- malaises et frissons, avec un pouls dissocié c'est à
dire moins rapide que ne le justifierait la
fièvre.
A un début habituellement progressif, peut lui être
opposé un début brutal avec nausées et diarrhée qui peuvent
en imposer pour une gastro-entérite voir une appendicite
surtout chez l'enfant.
C) Phase d'état
Elle est caractérisée par une fièvre qui se maintient
en plateau entre 39 et 40°. La somnolence succède à
l'asthénie et se poursuit par une prostration qui peut se
transformer dans les formes graves par une obnubilation
[tuphos] très nette le jour avec agitation et insomnie la
nuit d ûes pour partie aux douleurs abdominales.
La diarrhée classiquement décrite "jus de melon" n'est
présente que dans 2/3 des cas.
L'infection peut également provoquer une éruption
cutanée rose au niveau du tronc (dans 25 % des cas) ainsi
qu'une splénomégalie.
Dans les formes plus graves, on observe une hémorragie
digestive, une pneumonie, une cholécystite, une
méningite.
Ces complications sont dûes à la libération
d'endo-toxines lors de la lyse des salmonelles.
Une baisse de la numération leucocytaire
(leuconeutropénie) et une élévation des enzymes hépatiques
orientent le diagnostic.
L'isolement du germe dans le sang après hémoculture
(positive la 1ère semaine) et dans les selles par
coproculture (positive dans 40% après le 10 ème jour)
confirme donc le diagnostic.
La sérologie de "Widal & Felix" tardive,
d'interprétation difficile peut être d'un recours
contributif.
Traitement et prévention
A) Traitement médicamenteux
Le taux de mortalité passe de 10 % sans traitement à 1
% avec une antibiothérapie adéquate.
La voie orale sera utilisée aussi souvent que
possible.
Les antibiotiques à bonne pénétration dans le tissu
lymphatique et intracellulaire utilisables seront
:
triméthoprime-sulfaméthoxazole, chloramphénicol,
ampicilline, céphalosporines de troisième génération
(ceftriazone, céfopérazone),
ciprofloxacine.Consulter
la liste de médicaments disponibles sur la base de données
BIAM.
Les fluoroquinolones (péfloxacine ou ciprofloxacine)
seront utilisées en première intention pour une durée moyenne
de traitement de 7 à 10 jours. Elles seront par contre
déconseillées chez l'enfant de moins de 15 ans. Le patient
doit observer de rigoureuses mesures hygiéno-diététiques et
un isolement strict. Dans certains pays tels que le Vietnam,
75% des souches isolées sont résistantes aux antibiotiques
généralement utilisés.Quand ces résistances ne sont pas un
obstacle, les antibiotiques les moins onéreux seront
utilisés.
B) Moyens préventifs
Mesures d'hygiènes
En plus de la vaccination qui ne protège pas à 100 %,
l'hygiène alimentaire est fondamentale. La typhoïde est une
maladie des mains sales. Lors d'un voyage dans une zone à
risque, il sera primordial de veiller à se laver
soigneusement les mains au savon après chaque passage au
toilette, à ne consommer que des aliments cuits et de l'eau
minérale ou préalablement bouillie.
La vaccination
Deux types de vaccins sont actuellement disponibles
:
- un vaccin vivant oral préparé à partir de la souche
atténuée des. typhiTy21a
(Suisse).
- un vaccin parentéral constitué par l'antigène
capsulaire polysaccharidique Vi purifié
(France).
En France, la vaccination est recommandée pour les
personnes se rendant en zone d'endémie à partir de l'âge de 2
ans.
Le vaccin contre la fièvre typhoïde à base de
polysaccharide capsulaire Vi (Typhim Vi - Typhérix) permet
une protection de 60 % dans les zones à fortes endémies. Il
doit être administré 14 jours avant le voyage en une seule
injection de 25 microgrammes en intramusculaire ou
sous-cutanée. Il est bien supporté et seule une légère
douleur au point d'injection est généralement percue. Il
nécessite une injection de rappel tous les 3
ans.
Le vaccin oral Ty21a disponible en Suisse n'est pas
recommandé chez les personnes immunodéprimées, ou celles
atteintes de l'infection au V.I.H ou du Sida. La chaîne du
froid ne doit pas être interrompue et le calendrier vaccinal
doit être respecté à raison d'une capsule par jour, une heure
avant un repas au jour 1,3,5,7.
Depuis que le génome deS.
Typhia été décrypté, de nouvelles
perspectives de vaccins apparaissent qui pourront prévenir
les épidémies dans les régions où la maladie devient
difficilement soignable du fait de la résistance de plus en
plus constatée de la bactérie aux antibiotiques. Des travaux
ont d'ailleurs récemment portés sur l'évaluation d'un nouveau
vaccin polysaccharidique Vi-rEPA qui, compte tenu de sa bonne
efficacité et tolérance devrait être diffusé prochainement
dans les programmes d'immunisation.
Bibliographie
Les articles généraux
Typhoïde
Définition de la maladie, agent de la maladie, répartition
géographique dans le monde, au Canada, symptômes, période de
contagion, transmission, prévention.
Extrait du site de Santé Canada : les maladies à déclaration
obligatoire, Direction générale de la protection de la santé
- Laboratoire de lutte contre la maladie, 1996.
La Fièvre Typhoïde
Présentation de la maladie par la Direction générale de la
protection de la santé - Laboratoire de lutte contre la
maladie, Santé Canada, 1996.
Déclaration concernant la fièvre typhoïde et les
voyages à l'étranger
Guide de pratique clinique : présentation de la maladie,
prévention.
Article paru dans le Journal de l'Assocation médicale
canadienne 1994; 151 : 991992.
Fièvre typhoïde
Aide mémoire n° 149 de mars 1997 proposé par l'OMS.
Historique de la maladie, identification, profil,
contamination, transmission, lutte contre les épidémies,
mesures à prendre en cas de catastrophe, prévention,
vaccination et conseils aux voyageurs.
Fièvres typhoïdes et paratyphoïdes de l'adulte dans
un service de médecine interne à Libreville
(Gabon)
Etude rétrospective, réalisée de janvier 1992 à décembre 1996
à Libreville, qui a porté sur 150 dossiers de patients
atteints de fièvres typhoïdes et paratyphoïdes confirmées
bactériologiquement : Patients et méthodes, résultats et
études, discussion.
De M. Okome-Nkoumou, E. Ayo Nkana et al., article en texte
intégral extrait de la revue Cahiers d'études et de
recherches francophones / Santé - Vol. 10, N. 3, mai-juin
2000 : 205-9.
La fièvre typhoïde et ses complications au
Maroc
L'étude porte sur 918 enfants hospitalisés pour fièvre
typhoïde au service des maladies infectieuses pédiatriques de
lhôpital denfants de Casablanca entre janvier 1980 et
décembre 1997.
Dépêche caducee.net du 12/04/00
Voir
le document
Typhoïde
Description de la maladie, infos pour le voyageur, prévention
et vaccination.
Par Santé & Voyages, unité du service de Médecine Tropicale
du CHU de Bordeaux.
Epidémiologie
Surveillance of infection with Salmonella typhi in
Europe and the United States
Bulletin hebdomadaire Eurosurveillance du 8 juin 2000
Voir le
document
La Fièvre Typhoïde en République
Dominicaine
Quatre voyageurs anglais ont
contracté la fièvre typhoïde en République Dominicaine :
identification et précautions à prendre avant de se rendre en
République Dominicaine.
Communiqué de
la Direction générale de la protection de la santé -
Laboratoire de lutte contre la maladie, 15 septembre
1997.
Zone d'endémie de la fièvre typhoïde
Carte géographique avec zones de fortes, moyennes et faibles
endémies. Mais aussi un bref rappel sur l'agent pathogène, la
clinique, le traitement et la prévention.
Voir le
document
Dans le bulletin hebdomadaire
Epidémie de fièvre typhoïde à Utelle (Alpes
Maritimes, France, 1997)
Résultats d'une étude faite sur la plus importante épidémie
de fièvre typhoïde survenue en France depuis plus de 50
ans.
Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°32 du 11 Août
1998.
Voir le
document
Faut -il vacciner le personnel exposé aux eaux usées contre
la fièvre typhoïde
"L'objectif de cet article est de discuter l'indication de la
vaccination contre la fièvre typhoïde pour le personnel
exposé aux eaux usées en France" : méthode, résultats,
discussion (tableaux à l'appui de cette étude).
Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°31 du 4 Août 1998
(2ème partie de la page).
Voir le
document
Vaccination
Vaccin typhoïdique
Fiche de la base de données de médicament BIAM mise à jour en
avril 2001
Voir le
document
Un nouveau vaccin contre la typhoïde
De T.
Piche, Hépato-Gastro. Vol. 8, N. 6, Nov. - Déc.
2001
Article court portant sur l'évaluation du vaccin
Vi-rEPA
Typhoïde : obligations et recommandations
vaccinales
La fièvre typhoïde est responsable de 600 000 décès par an
dans le monde : elle est endémique dans les pays en voie de
développement à faible niveau d'équipement sanitaire et
d'hygiène. Un nouveau vaccin, le typherix, pourrait changer
les données du problème.
Pour retrouver l'article, taper typhoïde dans la case
recherche et sélectionner ensuite le titre de l'article
correspondant.
Le Généraliste n°1958 du mardi 29 juin 1999.
Typherix, un nouveau vaccin antityphoïde bientôt
disponible
Les laboratoires Smithkline Beecham
mettent leur nouveau vaccin sur le marché dès le 14 juin : le
typherix. Présentation et recommandations vaccinales.
Pour retrouver l'article, cliquer sur la rubrique "à la une"
puis sur la rubrique "recherche". Taper ensuite dans la case
"recherche libre en texte libre" le mot typhoïde sans oublier
de préciser la date dans la case en dessous. Sélectionnner
l'article correspondant.
Le Quotidien du Médecin n°6511 du 7 juin 1999.
Voir le
document
La Fièvre Typhoïde
Fiche signalétique sur la fièvre typhoïde présentée par le
laboratoire Aventis Pasteur dans la rubrique "vos vaccins et
vous" : quelques chiffres, symptômes, schéma vaccinal.
Vaccin typhoïde
Présentation de la fièvre typhoïde, transmission, prévention,
vaccins.
Le centre Santé-Voyages de Québec, 1997.
Vaccination anti-typhoïdique
Page extraite du guide clinique Meditravel : modalités de
contamination, indications principales, effets indésirables,
contre-indications. Réalisé en 1997.
La biologie du virus
Les Salmonelloses
Elles sont responsables des gastro-entérites d'origine
alimentaire et de la fièvre typhoïde.Vous trouverez après une
première partie sur les gastro-entérites, une partie
consacrée à la fièvre typhoïde : historique, épidémiologie,
symptômes et traitements, prévention. Réalisé en juin
2001
Voir le document
Fièvre typhoïde : le génome de Salmonella typhi est
décrypté
Dépêche caducee.net du 25/10/01
Voir
le document
#COVID-19 : le point de situation épidémiologique sur le coronavirus SARS-CoV-2
Descripteur MESH : Bibliographie , Diagnostic