La méningite
Définition
La méningite est un processus inflammatoire, d'origine
généralement infectieuse, atteignant les méninges c'est à
dire l'ensemble des formations recouvrant l'encéphale et la
moelle épinière. On désigne habituellement par le terme de
méningite l'infection des méninges molles de l'espace
sous-arachnoïdien compris entre l'arachnoïde et la pie-mère
et dans lesquels circule le liquide céphalorachidien.
- Dans 70 à 80 % des cas, les méningites sont d'origine
virale. Elles sont généralement bénignes, le rétablissement
étant le plus souvent spontané.
- Dans 20 à 25 % des cas, les méningites sont d'origine
bactérienne. Elles sont graves car l'évolution spontanée est
pratiquement toujours mortelle.
- Dans moins de 5 % des cas, les méningites infectieuses sont
dues à des bactéries non pyogènes, à des parasites ou des
processus néoplasiques.
La méningite virale
Les méningites d'origine virale sont généralement bénignes.
Les différents virus
- Les entérovirus (Echovirus, Coxsackie) sont responsables
d'environ 80 % des méningites virales identifiées.
On retrouve aussi :
- Le virus des oreillons (Myxovirus parotidis). Sa fréquence
diminuer depuis la généralisation de la vaccination.
- Les virus du groupe herpès : les herpès 1 et 2, le
Cytomégalovirus, le virus d'Epstein-Barr, les virus varicelle
zona et le virus HHV6.
- Le VIH peut aussi être responsable de méningite lors de la
primo-infection.
- On peut recontrer des virus plus rares en France comme les
arboviroses, les Poliovirus, l'Adénovirus, le Parvovirus B19
et le LCMV.
Symptômes
Les signes cliniques sont les
mêmes que pour les méningites bactériennes (fièvre,
céphalées, vomissements, raideur de la nuque) mais avec un
état général peu altéré.
Traitement
Mis à part les
méningo-encéphalites herpétiques et néoplasiques, les
méningites virales guérissent spontanément en 3 à 8 jours, ne
nécessitant pas de traitement particulier.
Des patients immunodéprimés peuvent éventuellement bénéficier
d'un traitement antiviral.
La méningite bactérienne
1. Généralités
Les germes
Les méningites bactériennes
sont dues à des bactéries pyogènes, principalement trois
germes : Haemophilus influenzae b, méningocoque et
pneumocoque. D'autres germes peuvent être rencontrés comme :
staphylocoque, streptocoque, colibacille (chez le
nourrisson), pseudomonas, listeria, germe de la
tuberculose.
Epidémiologie
En dehors des épidémies, au moins 1,2 millions de cas de
méningite bactérienne se produisent chaque année selon les
estimations, dont 135 000 mortels. Environ 500 000 de ces cas
et 50 000 de ces décès sont imputables au méningocoque. Le
diagnostic est donc une urgence.
L'incidence des méningites bactériennes dans les pays
industrialisés est située entre 2,5 et 10 pour 100 000
habitants alors qu'elle est dix fois plus élevée dans les
pays en voie de développement. Les deux tiers de ces
méningites surviennent chez des enfants âgés de moins de 5
ans.
Evolution
L'évolution spontanée est pratiquement toujours mortelle et
ces infections constituent des urgences thérapeutiques. Le
germe le plus fréquent est le méningocoque (Neisseria
meningitidis). En France, on trouve essentiellement le type B
(85 %) qui est peu immunogène et accessoirement les types C
(18 %) et A (1,5%).
Signes cliniques
Une fièvre associée à des céphalées, des vomissements, une
photophobie sont le plus souvent retrouvés à l'interrogatoire
du grand enfant atteint de méningite bactérienne. L'examen
clinique permet de retrouver une raideur plus ou moins
importante à la flexion de la nuque et éventuellement un
signe de Kernig positif. Par contre, chez le nourrisson une
raideur de la nuque est très rarement présente.
Complications possible de la méningite bactérienne : oedème
cérébral associé ou non à une hydrocéphalie aiguë.
2. La méningite à méningocoque (Neisseria meningitidis)
Epidémiologie
La méningite
méningococcique est présente partout dans le monde (500 000
cas par an selon l'OMS). C'est la seule forme de méningite
bactérienne qui provoque des épidémies. Les souches A,B,C,Y
et W135 sont à l'origine de 99 % des cas de méningites
cérébro-spinales. Le sérogroupe A est à l'origine d'épidémies
touchant de centaines de milliers de personnes dans "la
ceinture africaine de la méningite" allant de l'Ethiopie
jusqu'au Sénégal.
En France, en 2000, sur les 497 cas recensés par le Centre
National de Référence, 19 % des infections à méningocoques
étaient dues au sérogroupe C (contre 66 % dues au sérogroupe
B et 10 % au sérogroupe W135).
Le taux de létalité est compris entre 5 et 10 % et peut dépasser 50 % en l'absence de traitement. Outre la mortalité associée à cette infection, 15 à 20 % de ceux qui survivent souffrent de séquelles neurologiques.
La bactérie
Neisseria meningitidis est
une bactérie Gram-négatif. Sa transmission s'effectue par
contact direct, notamment avec les gouttelettes qu'émettent
les voies respiratoires des sujets infectés (nez, gorge). La
période d'incubation est de 2 à 10 jours, souvent 3 à 4
jours.
Tableau clinique
- Syndrome infectieux : apparition brutale de céphalées, avec
fièvre, nausées, vomissements.
- Syndrome méningé : raideur de la nuque, photophobie,
troubles de la conscience, coma et/ou convulsions.
- Ces symptômes sont moins marqués chez les nouveaux-nés et
le nourrisson.
- Les complications les plus fréquentes de la méningite
cérébro-spinale sont des atteintes neurologiques, en
particulier la surdité bilatérale.
3. Le purpura fulminans
Les infections invasives à Neisseria meningitidis constituent
la première cause de mortalité d'origine infectieuse chez
l'enfant. Le purpura fulminans est responsable de 30 % des
décès dus aux infections méningococciques. En France, le
nombre de cas ne semble pas dépasser 500 par an.
Les méningococcies fulminantes ou purpura fulminans sont des
septicémies d'évolution rapide, dominées par le choc
endotoxinique, aboutissant rapidement à une défaillance
hémodynamique et polyviscérale et à la mort en moins de 24
heures.
Le tableau clinique est évocateur devant un purpura pétéchial
périphérique rapidement extensif (syndrome de
Waterhouse-Friderichsen). Le traitement doit être débuté en
urgence.
Des manifestations plus inhabituelles de l'infection à
méningocoque peuvent être observées : arthrites septiques,
péricardites, bronchopneumopathies aiguës.
Diagnostic clinique
- Le diagnostic clinique est facilement évoqué devant un
patient qui présente un sydrome méningé et devant toute
manifestation neurologique associée à de la fièvre.
- Le diagnostic clinique est plus difficile chez le
nourrisson qui ne peut se plaindre de céphalées. Plus qu'une
raideur de la nuque, on pourra rechercher dans ce cas une
hypotonie axiale ainsi que le bombement de la fontanelle
antérieure.
Examens complémentaires
La ponction lombaire est la clé du diagnostic. Elle permet de ramener du liquide céphalo rachidien (LCR) dont l'analyse (sa couleur, le nombre de cellules et le type de cellules retrouvées) déterminera l'origine de la méningite.
Dans le cas de méningites bactériennes, le LCR est
typiquement trouble avec une cellularité importante à
prédominance de polynucléaires neutrophiles, une
hypoglycorrachie, une hyperprotéinorachie.
La coloration Gram permet dans 60 à 90 % des
cas d'identifier la bactérie. Si un cocci à Gram positif est
mis en évidence, il s'agit d'un pneumocoque. Si un cocci à
Gram négatif est mis en évidence, il s'agit d'un
méningocoque. Il est parfois difficile de mettre en évidence
le méningocoque et la Listeria à l'examen direct. La
culture et l'antibiogramme permettront
d'isoler, d'identifier le germe et de déterminer sa senbilité
aux antibiotiques.
Un scanner peut être réalisé en cas de signes neurologiques focaux pouvant faire évoquer un autre diagnostic ou craindre une complication intrâcranienne.
Le diagnostic clinique de méningite virale est fortement suspecté lorsque le LCR est clair, stérile, normoglycorachique avec une cellularité classiquement à prédominance lymphocytaire. Dans ce cas, aucune recherche virale n'est effectuée en raison de l'évolution le plus souvent bénigne.
La PCR peut avoir une importance pour améliorer la détection des bactéries dans le LCR ou pour accélérer le diagnostic d'une méningite à Entérovirus. En effet, une PCR à Entérovirus peut être obtenue en 24 heures alors qu'il faut au minimum 48 heures pour avoir les résultats d'une culture.
Traitement
(Source : Impact Médecin - Dossier du praticien N° 554 - 02/11/2001.)
1. Traitement antibiotique
Il doit être débuté dès le diagnostic de méningite
bactérienne posé. Il se doit d'être efficace sur :
- Streptococcus pneumoniae
- Pneumocoque de sensibilité anormale
Le traitement consiste en l'administration
d'une céphalosporine de troisième génération
injectable : céfotaxime (voire ceftriaxone).
La poursuite du traitement est établi selon les premiers
résultats microbiologiques à l'examen direct du liquide LCR.
Méningite à
pneumocoque: céfotaxime à la dose 300
mg/Kg/j en association avec la vancomycine à la posologie de
60 mg/Kg/j pendant les deux premiers jours. Quatre
injections par jour. Le traitement est ensuite à adapter en
fonction des résultats de l'antibiogramme. Si le pneumocoque
est de sensibilité normale à la pénicilline, le traitement
est poursuivi par céfotaxime à une posologie plus faible de
200 mg/Kg/j, la vancomycine est arrêtée. Si l'antibiogramme
trouve un pneumocoque de sensibilité anormale à la
pénicilline, la biantibiothérapie est poursuivie.
L'efficacité du traitement est contrôlée systématiquement par
une ponction lombaire dans les 48 heures.
Méningite à méningocoque: La céfotaxime (200 mg/Kg/j) ou ceftriaxone (100 mg/Kg/j) est efficace. La durée du traitement est de 7 jours.
Méningite à Haemophilus influenzae de type b: céphalosporines de troisième génération administrées en monothérapie.
Purpura fulminans :
-ceftriaxone, 50 à 100
mg/Kg/j (ne pas dépasser 1g chez l'enfant, 1 à
2 g chez l'adulte)
-céfotaxamine par voie intraveineuse ou
intramusculaire, 50 mg/Kg sans dépasser 1 g
chez l'enfant; 1 g chez l'adulte
- à défaut,amixicilline par voie
intraveineuse ou intramusculaire, 20 à 50 mg/Kg sans dépasser
1 g.
2. Traitement prophylactique
Il s'applique à l'entourage proche du patient atteint de
méningite à Neisseria meningitidis. D'ailleurs, dès
l'identification de l'origine méningococcique, une
déclaration obligatoire de la maladie doit être adressée aux
services départementaux afin d'instaurer rapidement un
traitement propylactique à l'ensemble des sujets
contactés.
Ce traitement repose sur
la rifampicine. En cas de
contre-indication, la spiramycine peut
être utilisée. On peut aussi proposer une vaccination selon
le type de méningocoque. Ce sont des vaccins
polysaccharidiques efficaces après l'âge de 2 ans et qui
concernent les sérotypes A, C, W135, Y.
Le Prevenar est le premier vaccin
antipneumococcique destiné à "l'immunisation active des
nourrissons et des jeunes enfants, âgés de 2 mois à 2 ans,
contre les maladies invasives causées par les sérotypes 4,
6B, 9V, 18C, 19F et 23F de Streptococcus pneumoniae. Ce
vaccin doit être administré par injection intramusculaire au
niveau de la face antérolatérale de la cuisse chez les
nourrissons, ou au niveau du muscle deltoïde du bras, chez
les jeunes enfants."
Schéma vaccinal :
-chez les nourrissons de moins de 6
mois: 3 doses de 0,5 ml, la première dose étant
administrée à l'âge de 2 mois, avec une intervalle d'au moins
un mois entre les doses. Une 4 ème dose est recommandée au
cours de la 2ème année de vie.
-chez les nourrissons de 7 à 11 mois: 2
doses de 0,5 ml chacune avec un intervalle d'au moins un mois
entre les doses. Une 3 ème dose est recommandée au cours de
la 2ème année de vie.
-chez les enfants âgés de 12 à 23 mois:
2 doses de 0,5 ml chacune, avec un intervalle d'au moins deux
mois entre les doses. Une 3 ème dose est recommandée au cours
de la 2 ème année de vie.
Pour en savoir plus
Généralités
Séminaire "infectieux"
Cas clinique n°1 : Méningite
Séminaires de perfectionnement en réanimation de la SRLF,
Marne-la-Vallée, 14 et 15 juin 2000.
Conduite à tenir devant une suspicion de méningite de
l'adulte
Comment orienter le diagnostic initial ? La méningite
purulente est diagnostiquée, conduite thérapeutique initiale,
réévaluation de l'antibiothérapie à la 48ème heure, durée de
traitement, méningites à liquide clair.
Par JF Timsit, Reanimation polyvalente, Hopital St Joseph -
PARIS.
Les méningites et septicémies à
méningocoques
Différentes causes de méningite, les infections à Neisseria
meningitidis.
Par l'Institut Pasteur, mars 2001.
Voir le document
Les méningites
Clinique - Traitement des méningites purulentes -
Prévention.
Par P. François, 1995. Consultation du Corpus Medical -
Maladies infectieuses et parasitaires.
Epidémiologie
La méningite à méningocoques
Epidémiologie, mode de transmission, symptômes et diagnostic,
traitement, prévention et vaccination, surveillance.
Aide mémoire de l'INVS, 23 septembre 2002.
Analyse des cas dinfections invasives à méningocoque
survenues en France depuis 1985
Evolution de lincidence - Part relative des méningocoques de
sérogroupe C
Analyse incluant les données de la déclaration obligatoire de
1985 à 2002.
INVS, septembre 2002.
Voir le document
Le grand débat sur les épidémies : Conflits autour de
la méningite en Afrique
Article de Jean-Philippe Chippaux, chercheur à l'Institut de
recherche pour le développement (IRD), Dakar. Le Monde
Diplomatique, p. 22, mai 2001.
Voir
le document
14 mai 20001 - Epidémie au Niger : l'alerte est
lancée
La méningite : l'épidémie des sables.
Ceinture africaine de la méningite, définition, la
vaccination, traitement. Par MSF.
Page
WHO Report on Global Surveillance of Epidemic-prone
Infectious Diseases
Chapitre 5 entièrement consacré à la méningite à
méningocoque, son épidémiologie.
Les différentes méningites
La méningite méningococcique
Epidémiologie, agent étiologique, transmission, période
d'incubation, tableau clinique, diagnostic, traitement,
lutte, prévention, conseils aux voyageurs.
Aide mémoire N° 105, révisé décembre 1998.
Méningite Prophylaxie
La méningite cérébro-spinale ou meningococcique représente "
une urgence prophylactique ".
Traitement, les sujets contacts.
Voir le
document
Les mesures de prophylaxie face à une méningite
bactérienne
Quelles méningites bactériennes ? Méningites à Haemophilus,
méningites tuberculeuses, méningites à méningocoque,
méningocoque : physiopathologie, facteurs favorisant la
transmission, estimation du risque, principes de la
chimioprophylaxie, principes de la vaccination, propylaxie
chez les sujets contacts, consuite pratique.
Par le Dr S. Alfandari, département hospitalo universitaire
de maladies infectieuses et réanimation, CH Tourcoing, 2000.
Format pdf.
Les méningites purulentes
communautaires
Quelle antibiothérapie en première intention devant une
méningite purulente sans germe à lexamen direct ? Quelle
antibiothérapie de première et de deuxième intentions devant
une méningite à pneumocoque ? Recommandations thérapeutiques
- Quelle est la place de limagerie dans les différentes
étapes de la prise en charge des méningites purulentes ?
Quelle est la place des corticoïdes dans le traitement des
méningites purulentes ? Quattendre du bilan biologique dans
les différentes étapes de la prise en charge des méningites
purulentes.
Conférence de Consensus de la SPILF, Saint-Etienne, 7 février
1996.
Voir le document
Méningites bactériennes
Méningites Bactériennes - Traitement et prévention vaccinale
- Perspectives pour " Un vaccin des méningites " -
Synthèse.
Stratégies de traitement et de prévention - Expertise
collective Inserm.
Méningites purulentes du nourrisson et de
l'enfant
Diagnostic clinique, les examens complémentaires, germes en
cause, diagnostic différentiel, évolution, traitement,
prévention des infections à méningocoques.
Par S. Peudenier de l'Institut Mère-Enfant, annexe
pédiatrique, Hopital sud, Rennes. 27 février 1999.
La méningite virale
La présentation d'un cas - Des questions au sujet de la prise
en charge et du traitement - La surveillance de la méningite
virale au Canada - Références.
Paediatrics & Child Health 1998;3(5):355-357. Comité des
maladies infectieuses et d'immunisation, Société canadienne
de pédiatrie (SCP).
#COVID-19 : le point de situation épidémiologique sur le coronavirus SARS-CoV-2
Descripteur MESH : Infectiologie , Infections à méningocoques , Méninges , Épidémiologie , Méningite