La biotechnologie moderne et la sécurité d'emploi des aliments
Grâce à la biotechnologie, les aliments proposés au consommateur européen peuvent encore être améliorés. Parmi les récents progrès réalisés dans ce domaine, on trouve de nouvelles méthodes de transformation et de contrôle, de meilleures techniques agri-coles pour la culture et la récolte des aliments, l'amélioration génétique des cultures alimentaires, ainsi que de nouvelles techniques de surveillance de la sécurité d'emploi et de la qualité nutritive des aliments.
A tous les stades de la chaîne alimentaire, de la ferme à l'assiette, la sécurité d'emploi des aliments constitue toujours une priorité absolue. Des organismes internationaux indépendants tels que l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et, au sein des Nations Unies, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Food and Agriculture Organisation (FAO) ont élaboré des principes directeurs visant à assurer la sécurité biotechnologique dans la production alimentaire.
De même, le législateur et les sociétés du secteur alimentaire ont mis en place toute une série de mécanismes assurant la sécurité d'emploi des aliments. La sécurité d'emploi des aliments se définit par le fait que lorsqu'un aliment est stocké, préparé et consommé comme il se doit, il ne présente aucun risque pour le consommateur.
Dans le passé, c'est une longue expérience de consommation qui a permis de constater l'innocuité d'aliments préparés et utilisés depuis de nombreuses années et, d'une manière générale, les aliments étaient présumés sûrs, sauf si un risque important était constaté. En soi, la biotechnologie moderne, qui étend la palette des modifications génétiques pouvant être apportées aux produits agricoles et élargit le champ des sources de nourriture possibles, ne donne pas des aliments moins fiables que ceux mis au point par les techniques classiques. Il n'est donc pas nécessaire de changer radicalement le mode d'évaluation de la sécurité d'emploi des aliments produits à l'aide de la biotechnologie, ni d'utiliser une norme de sécurité différente. La méthode d'évaluation de la sécurité d'emploi des aliments mise au point par des organismes indépendants, comme l'OCDE, l'OMS et la FAO, repose sur la comparaison du nouvel aliment avec des produits alimentaires existants fabriqués par les techniques traditionnelles. En outre, elle tient compte de la transformation subie par l'aliment et des données relatives au consommateur (quantité de cet aliment dans l'alimentation, mode de consommation, et âge et autres caractéristiques des personnes qui vont en principe le consommer). La situation est très simple lorsqu'un aliment issu de la microbiologie est tout à fait semblable - ou "substantiellement équivalent" - à un aliment traditionnel. Pour évaluer cette équivalence du nouvel aliment, trois facteurs sont pris en compte :
- Quelles sont la composition et les caractéristiques du produit traditionnel ?
- Quelles sont les caractéristiques qui ont été modifiées pour obtenir le nouvel aliment et comment cela change-t-il sa composition ? Pour vérifier ces points, on examine les caractéristiques du produit traditionnel non modifié, la méthode de modification employée pour obtenir le nouvel aliment, les éventuels effets secondaires de la modification, et les caractéristiques de la partie modifiée.
- Comment les caractéristiques et la composition du nouvel aliment se présentent-elles par rapport à celles de l'aliment traditionnel ?
Si, en fonction de ces trois facteurs, on sait qu'un nouvel aliment ou composant alimentaire a été obtenu à partir de matières dont les particularités nouvelles introduites sont parfaitement caractérisées et que l'on ait une certitude raisonnable qu'il ne présente aucun risque pour le consommateur par rapport à l'aliment traditionnel correspondant, cela signifie que ce nouvel aliment peut être considéré comme "substantiellement équivalent" à l'aliment existant.
Dès lors, on peut partir du principe que des inquiétudes supplémentaires concernant la de sécurité d'emploi ou les qualités nutritionnelles n'est pas loin d'être négligeable, et que l'aliment peut être traité de la même façon que les aliments traditionnels correspondants. La pomme de terre étant un élément traditionnel de l'alimentation européenne, prenons comme exemple une pomme de terre modifiée. Les pommes de terre contiennent naturellement des protéines d'enveloppes de virus dues à des infections. On n'a jamais établi de lien entre ces protéines et des effets nocifs et elles ne sont pas considérées comme un problème pour l'innocuité des aliments. On peut rendre une pomme de terre résistante aux maladies virales en introduisant dans le plant certains composants de particules virales. La pomme de terre qui a subi une modification génétique pour comporter une protéine d'enveloppe de l'un des virus intervenant naturellement à des niveaux analogues ou inférieurs à ceux que l'on trouve déjà dans les pommes de terre sera donc jugée substantiellement équivalente aux pommes de terre actuellement utilisées. Dans ce cas, la comparaison entre l'aliment modifié et l'aliment traditionnel se fera à l'aide de tests appropriés, couramment utilisés, tels que la mesure des niveaux d'alcaloïdes présents dans les pommes de terre.
En revanche, la situation se complique si le nouvel aliment est différent des produits traditionnels ou s'il n'a pas d'aliment traditionnel correspondant. Il sera alors évalué, si possible, en fonction de l'expérience acquise avec des matières semblables ou bien à partir de sa composition et de ses propriétés. Dans ce cas, les différences par rapport à des aliments conventionnels ou les nouvelles caractéristiques de l'aliment font l'objet de recherches plus approfondies sur le plan de la sécurité d'emploi, afin d'assurer que seuls des aliments sans risque pour le consommateur seront mis sur le marché.
Avec le recours à la biotechnologie moderne pour transférer des gènes d'une espèce végétale à une autre, il n'est pas exclu que des substances déclenchant des réactions allergiques puissent être transférées d'une culture à une autre. Dans le cas des cultures notoirement allergènes, on veille tout particulièrement à ce que les gènes codant pour les allergènes ne soient pas transférés à l'autre espèce. Toutefois, s'il faut que des gènes concernant des allergènes connus soient passés d'une culture à une autre, l'attention des consommateurs allergiques doit être attirée sur ce point par une information adéquate. Lorsqu'on a recours à la biotechnologie moderne pour étudier des protéines dotées d'une structure nouvelle, les questions liées aux allergies sont soigneusement étudiées dans le cadre de l'évaluation de la sécurité d'emploi.
"La biotechnologie moderne élargit le champ des modifications génétiques qui peuvent être apportées aux organismes alimentaires, et élargit le champs des sources de nourriture possibles. En soi, cela ne donne pas des aliments moins fiables que ceux mis au point par les techniques classiques." OCDE, 1993 (dans sa publication sur l'évaluation de la sécurité d'emploi des aliments obtenus par la biotechnologie moderne - notions et principes).
"Le recours aux plus récentes techniques de la biotechnologie ne donne pas des aliments moins fiables que ceux produits par les techniques classiques" - Organisation mondiale de la santé, 1991 (dans Strategies for assessing the safety of foods produced by biotechnology - rapport d'une consultation commune FAO/OMS).
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