L'efficacité des thrombolytiques chez les gens âgés semble remise en question
Les thrombolytiques ne permettraient pas d'améliorer la survie des patients de plus de 75 ans hospitalisés pour un infarctus aigu du myocarde. Une étude menée par des médecins de la John Hopkins University de Baltimore suggère que les thrombolytiques augmenteraient la mortalité dans cette catégorie de patients.
Les auteurs de cette étude publiée dans le journal Circulation rappellent que peu d'éléments permettent actuellement d'évaluer l'efficacité des agents thrombolytiques chez les gens âgés. Aucune étude randomisée ne s'est attachée à évaluer, de façon spécifique, l'efficacité de ces traitements chez les personnes âgées.
Le Dr D. Thiemann et ses collègues ont dans ce but mené une étude rétrospective sur une cohorte de 7.864 patients âgés de 65 à 86 ans. Ces patients avaient tous été hospitalisés pour un infarctus aigu du myocarde et ont reçu des thrombolytiques.
Une analyse statistique multivariée a montré l'existence d'une corrélation étroite entre l'âge des patients et le taux de mortalité à 30 jours.
Chez les sujets âgés de 65 à 75 ans (n = 5.191), le recours aux thrombolytiques a été associé à un taux de mortalité à 30 jours de 6,8 %, ce qui confirme une amélioration du taux de survie comparable à celle mise en évidence dans des essais randomisés (9,8 % de décès à 30 jours pour les patients qui n'ont pas reçu ces médicaments).
Cette tendance est inversée pour les patients âgés de 76 à 86 ans (n = 2.673) : le taux de mortalité à 30 jours était plus élevé chez les patients traités avec des thrombolytiques (18 % contre 15,4 %). Selon les auteurs, le risque de décès (mortality hazard ratio) à 30 jours pour ces patients traités par thrombolytiques est multiplié par 1,38. "Pour ces patients (de plus de 75 ans), la thérapie thrombolytique n'a pas apporté de bénéfice quel que soit le sous-groupe clinique considéré".
Les auteurs concluent que dans la pratique, "la thérapie thrombolytique pour les patients de plus de 75 ans ne semble pas augmenter la survie et pourrait avoir un effet contraire significatif". "Des recherches ciblées sur les personnes âgées sont nécessaires et urgentes".
Le Dr Thiemann souligne que plusieurs raisons peuvent expliquer ce résultat. Dans la pratique, les patients sont plus âgés et en moins bonne santé que les sujets qui participent aux essais cliniques. "De plus, les hôpitaux ne suivent pas toujours les protocoles rigoureux qui encadrent les essais cliniques et les résultats dans la population générale peuvent être différents."
Source : communiqué de presse : Johns Hopkins Medical Institutions. Circulation 2000;101:2239-2246
Descripteur MESH : Patients , Mortalité , Survie , Infarctus , Myocarde , Baltimore , Médecins , Essais , Personnes , Éléments , Hôpitaux , Population , Risque , Santé , Taux de survie