Un peptide prometteur dans le traitement du cancer du sein ?
Un groupe de recherche américain vient de montrer qu'un peptide de 8 acides aminés était capable de prévenir la croissance de cancers du sein RE(+) (présence de récepteurs des estrogènes). Cet effet a été retrouvé sur des lignées cellulaires cancéreuses sensibles ou résistantes au tamoxifène. Selon les chercheurs, ce peptide dérivé de l'alpha-fétoprotéine pourrait se révéler utile dans le traitement du cancer du sein.
Les propriétés de ce peptide sont présentées par Bennett et al. dans la revue PNAS. Cet article fait l'objet d'une publication avancée sur le site de la revue.
L'équipe menée par Bennett explique que l'alpha-fétoprotéine est connue notamment pour sa capacité à interférer avec les réponses biologiques médiées par les estrogènes. Il a été par exemple montré qu'elle pouvait ralentir la croissance de cancers du sein stimulés par les estrogènes.
Le site actif responsable de cet effet "anti-estrogène" a récemment été identifié par Bennett et ses collaborateurs. Il est constitué d'un épitope séquentiel de 8 acides aminés. Les chercheurs ont synthétisé ce peptide sous une forme légèrement modifiée pour le rendre plus stable et donc manipulable.
L'activité du peptide a été comparée à celle du tamoxifène sur des cellules humaines de cancer du sein RE(+) (lignées MCF-7 et T47D). Le peptide et le tamoxifène ont évité la croissance de ces cancers lorsqu'ils étaient implantés chez des souris.
Les scientifiques ont ensuite étudié la capacité du peptide à conserver le même effet sur des lignées de cancer du sein rendues résistantes au tamoxifène. Ici encore, "le peptide a complètement évité la croissance de la xénogreffe [de cellules cancéreuses] de cette sous-lignée MCF-7 résistante au tamoxifène", écrivent Bennett et son équipe.
Par contre, le peptide (tout comme le tamoxifène) n'a pas eu d'effet sur la croissance de tumeurs humaines RE(-).
Le mécanisme d'action du peptide est encore incertain mais l'on sait qu'il diffère de celui du tamoxifène dans le sens où il ne modifie pas la fixation de l'estradiol sur les récepteurs aux estrogènes.
En résumé, cette étude préliminaire montre clairement que ce peptide de 8 acides aminés est capable de contrarier sérieusement la croissance de cancers du sein RE(+) implantés sur des souris. De plus, son effet est indépendant de la sensibilité des cellules tumorales au tamoxifène.
Ce peptide pourrait donc servir de base pour le développement de nouveaux agents anticancéreux, estiment les chercheurs.
Source : Proc Natl Acad Sci USA 2002;early edition. "A Peptide derived from alpha-fetoprotein prevents the growth of estrogen-dependent human breast cancers sensitive and resistant to tamoxifen", Bennett et al. Sous presse.
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