Un test d’urine pour le diagnostic du rejet aigu de greffe rénale
La mesure dans les cellules urinaires du taux des ARNm codant pour les protéines cytotoxiques offre un moyen non invasif de diagnostic du rejet aigu des allogreffes rénales. C’est le résultat d’une étude américaine parue dans le New England Journal of Medicine.
Le rejet aigu est une complication fréquente et grave de la transplantation rénale et son diagnostic dépend d’une procédure invasive, la biopsie d’allogreffe. Un test non invasif pourrait améliorer le résultat de la transplantation.
Le Dr M. Suthanthiran et ses collaborateurs ont analysé 24 échantillons d’urines provenant de 22 receveurs d’une allogreffe rénale présentant un épisode de rejet aigu confirmé par la biopsie et 127 échantillons urinaires de 63 receveurs non affectés par un rejet aigu. L'ARN a été isolé à partir des cellules présentes dans les urines, et les ARNm codant d’une part pour des protéines cytotoxiques (perforine, granzyme B) et d’autre part pour une protéine constitutive (la cyclophyline B) ont été mesurés par PCR.
Il ressort de cette étude que contrairement à la cyclophiline B, les taux des ARNm codant pour la perforine et la granzyme B sont plus élevés chez les patients dont un rejet aigu a été confirmé par biopsie que chez les patients sans épisode de rejet (perforine, 1,4 +/- 0,3 vs –0,6 +/- 0,2 fg/µg ARN total ; et granzyme B 1,2 +/- 0,3 vs –0,9 +/- 0,2 fg / µg ARN total).
Le rejet aigu peut être prédit avec une sensibilité de 83 % et une spécificité de 83 % pour une valeur limite de 0,9 fg d’ARNm codant pour la perforine / µg ARN total. Quant à l’ARNm codant pour la granzyme, la sensibilité est de 79 % et la spécificité est de 77 % pour une valeur limite de 0,4 fg/µg ARN total.
De plus, des échantillons d’urines provenant de 37 patients supplémentaires et obtenus lors des 9 premiers jours après la transplantation montrent que les taux des ARNm codant pour les protéines cytotoxiques identifient très précisément les patients chez les lesquels un rejet aigu s’est développé.
Dans un éditorial accompagnant l’article, le Dr Soulillou (Hôtel Dieu, Nantes) souligne que les résultats faussement négatifs n’ont pas été étudiés de manière approfondie. De plus, la faisabilité et le coût de ce test restent à voir. Selon lui, ce test peut se révéler être le plus efficace non dans le diagnostic de rejet aigu, mais pour détecter des changements plus graduels dans la réponse immunitaire vis à vis du rein transplanté.
Source : N Engl J Med 2001 ; 344 : 947-54, 1006-1007
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