La position semi-assise réduit le risque de pneumopathie nosocomiale
La fréquence des pneumopathies acquises à l’hôpital est diminuée chez les patients intubés et ventilés qui sont maintenus en position semi-assise par rapport aux malades en position allongée, rapportent des réanimateurs espagnols dans une étude publiée dans The Lancet.
Chez les patients en réanimation, la pneumopathie est la plus fréquente des infections nosocomiales. Elle atteint entre 10 % et 25 % des patients sous ventilateur. Ainsi, il a été déterminé que le risque d’acquisition d’une pneumopathie nosocomiale liée à la ventilation assistée était 6 à 20 fois supérieur à celui d’un patient non ventilé.
Le Dr Antoni Torres et ses collègues de l‘unité de soins intensifs respiratoires de l’Institut clinique de pneumologie et chirurgie thoracique (Université de Barcelone) ont mené un essai randomisé pour déterminer si l’incidence de la pneumopathie nosocomiale pouvait étre réduite en maintenant les patients ventilés en position semi-assise, ou si l’on préfère en position semi-allongée.
En effet, quoique sujet à controverse, le reflux gastro-œsophagien et l’inhalation secondaire de contenu gastrique pourraient jouer un rôle dans le développement d’infections respiratoires nosocomiales.
Au total, 86 patients sous ventilation mécanique ont été inclus dans cette étude : 39 en position semi-assise et 47 en position allongée. Dans chaque groupe, les investigateurs ont déterminé la fréquence des patients susceptibles de présenter une pneumonie selon des critères cliniques, de même que le nombre de pneumonies documentées grâce aux prélèvements bactériologiques.
La fréquence des pneumopathies nosocomiales suspectées sur des critères cliniques a été significativement inférieure dans le groupe ‘position semi-assise’ (3 sur 39, soit 8 %) par rapport au groupe ‘position allongée’ (16 sur 47, soit 34 %), [IC 95% : 10,0-42,0, p=0,003].
Des résultats similaires ont été obtenus en termes de pneumopathies nosocomiales documentées par la microbiologie : 2 patients sur 59 (5 %) dans le groupe des patients semi-assis versus 11 patients sur 47 (23 %) dans le groupe des malades allongés [IC 95 % : 4,2-31,8 ; p=0,018].
L’étude montre que la position allongée et la nutrition entérale étaient des facteurs de risque indépendants de survenue d’une pneumopathie nosocomiale (odds ratios respectifs de 6,8 et 5,7). La fréquence de survenue de cette complication est ainsi la plus élevée chez les patients allongés recevant une alimentation entérale (14 patients sur 28, 50 %).
Par ailleurs, l'analyse multivariée a montré qu'une ventilation artificielle de 7 jours ou plus (odds ratio 10,9 [3,0-40,4], p=0,001) et qu'un score de Glasgow (échelle des comas) inférieur à 9 (4,0 [1,1-14,53], p=0,035) sont indépendemment associés à une suspicion clinique de pneumopathie.
" La position semi-couchée du corps est une mesure économique, facile à appliquer pour réduire le risque de pneumopathie nosocomiale chez les patients sous ventilation mécanique, en particulier chez ceux qui reçoivent une alimentation entérale continue via une sonde nasogastrique ", concluent-ils.
Lancet, 1999, 354: 1851-58.
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