Télémédecine : 3 médecins sur 4 favorables à son développement
Les médecins français sont sur-sollicités et parallèlement les patients déclarent quant à eux manquer de temps pour se rendre chez leur médecin. La télémédecine – accessible à tous et prévue pour être remboursée par la Sécurité Sociale à compter du 15 septembre 2018 – pourrait permettre d’atténuer certains déséquilibres et contribuer ainsi à améliorer le parcours de soins des Français et faciliter le quotidien des professionnels de santé. Mais comment les professionnels de santé et les patients voient-ils ce changement et y sont-ils préparés ? C’est une des nombreuses questions sur lesquelles l’institut de sondage Ipsos Santé s’est penché dans le cadre d’une étude réalisée courant avril 2018, auprès de 1011 Français et 157 médecins généralistes et spécialistes répartis sur l’ensemble du territoire français.
Parmi les principaux enseignements à retenir de cette étude :
o Le manque de temps médical est le principal défi
Le manque de temps est et demeure un des principaux facteurs d’insatisfaction des professionnels de santé. En effet 46% des médecins généralistes interrogés déclarent qu’ils peinent à consacrer autant de temps qu’ils le souhaiteraient à leurs patients et déplorent les sur-sollicitations régulières sous la forme d’appels, de mails ou de SMS (76%).
Quant aux patients, consulter un médecin est perçu comme une démarche de plus en plus contraignante. 6 Français sur 10 déclarent en effet avoir déjà renoncé à consulter un professionnel de santé au cours des 5 dernières années [1]. Parmi les principales raisons énoncées : des délais d’attente trop longs pour obtenir un rendez-vous par rapport à l’urgence du problème de santé rencontré (49%), une date de rendez-vous qui ne convient pas (37%) ou encore par manque de temps (29%).
Ces premiers résultats mettent en exergue les déséquilibres entre des attentes de rapidité et de facilité d’accès aux soins d’une part et d’autre part un manque de disponibilité de la part des médecins.
o Les professionnels de santé sont sur-sollicités mais souhaitent se consacrer mieux et davantage à leurs patients
Si une consultation en cabinet médical dure environ entre 18 minutes (estimation des médecins généralistes) et 22 minutes (estimation des médecins spécialistes), l’ensemble de la profession s’accorde sur le fait que ces consultations devraient durer plus longtemps, à hauteur de 5 minutes supplémentaires. Parmi les principales contraintes évoquées pour expliquer ce manque de temps médical disponible : la gestion administrative du cabinet (pour 59% des généralistes) et le nombre croissant de demandes de consultations (pour 57% des généralistes et 77% des spécialistes).
o Les professionnels de santé pratiquent déjà la médecine à distance
Consciemment ou non, les échanges à distance avec les patients sont devenus une pratique courante : 68% des généralistes et 59% des médecins spécialistes déclarent communiquer fréquemment à distance avec leurs patients pour leur transmettre une information médicale, et 59% des généralistes et 71% des spécialistes afin de répondre à leurs questions. Plus des deux tiers des médecins affirment notamment rédiger régulièrement des ordonnances par avance à destination de leurs patients.
o La télémédecine s’impose comme une solution complémentaire au parcours de soins
Plus de 3/4 des médecins se disent favorables au développement de la télémédecine et considèrent qu’elle a un rôle à jouer, notamment en amont d’une consultation physique, en permettant ainsi au patient de devenir « acteur de sa santé » (76% des généralistes), et ce grâce à une meilleure information, une orientation qualifiée et davantage de prévention.
Les patients se disent eux aussi prêts à sauter le pas, puisque 1 sur 2 serait d’ores et déjà prêt à consulter un médecin en télémédecine, en complément d’une consultation physique avec son médecin traitant.
Certains freins restent cependant à lever pour les médecins, leurs interrogations portant sur l’absence d’examen clinique complet (80% des généralistes) et le besoin d’un éclaircissement du cadre réglementaire (59% des généralistes et 84% des spécialistes). Des questionnements légitimes, en effet, la télémédecine a quelques limites et certaines situations ne s’y prêteront pas. La Haute Autorité de Santé a ainsi décidé en avril dernier qu’aucune situation médicale ne serait exclue et que les médecins sauraient déterminer les motifs pouvant être traités en téléconsultation. Sur la réglementation, la perspective très proche d’une intégration à l’exercice médical libéral quotidien permettra également d’ici quelques semaines de lever le flou qui résultait jusqu’alors du caractère expérimental de ces initiatives qui étaient de surcroît propres à chaque région française.
o La télémédecine, un outil d’avenir pour les professionnels de santé
Les médecins généralistes considèrent qu’ils pourraient dédier jusqu’à environ 20% de leur activité courante hebdomadaire à la téléconsultation, réparties en 2/3 (soit environ 7h00) en remplacement de consultations existantes, et fait remarquable pour 1/3 (près de 3h30) en sus des heures qu’ils consacrent actuellement à leur pratique médicale. Un temps supplémentaire qui pourrait permettre aux médecins de mettre à disposition des créneaux horaires actuellement non-utilisés. Ils considèrent également la télémédecine comme un service médical pertinent et efficace leur permettant de mieux structurer leur activité médicale. 70% d’entre eux déclarent en effet qu’elle pourrait leur permettre de mieux gérer le nombre de demandes de consultations et ils sont 59% à penser qu’elle pourrait contribuer à l’amélioration de la prise en charge et le suivi des patients chroniques, répondant ainsi partiellement à la problématique de la sur- sollicitation.
Qu’est-ce que la télémédecine ? Où en est-on ?
La télémédecine a pour vocation de faciliter l’accès des patients aux professionnels de santé en transformant les usages de ces deux communautés.
C’est une pratique complémentaire à l’exercice médical présentiel en cabinet qui permet d’aider les patients et les professionnels de santé dans leur vie quotidienne.
La mise en place de la télémédecine dans les mois à venir s’effectuera de façon graduelle et mesurée selon les spécialités, les types de pathologies et le profil des patients. Le remboursement des téléconsultations par l’Assurance Maladie est prévue à compter du 15 septembre 2018, en articulation complète avec le parcours de soins.
La télémédecine et les Français en 10 chiffres clés :
o 6 Français sur 10 ont déjà renoncé à consulter un professionnel de santé2.
o 38% ont attendu trop longtemps avant de consulter un médecin pour un problème de santé à priori bénin et dont ils considèrent qu’il s’est aggravé par la suite.
o 76% des médecins généralistes et 71% des spécialistes s’estiment aujourd’hui sur- sollicités par leurs patients.
o 46% des médecins généralistes interrogés déclarent qu’ils peinent à consacrer autant de temps qu’ils le souhaiteraient à leurs patients.
o 68% des généralistes et 59% des médecins spécialistes déclarent échanger fréquemment à distance avec leurs patients (en communiquant par téléphone, mail ou SMS).
o 1 Français sur 2 déclare être prêt à consulter un médecin via une consultation en télémédecine, en complément des consultations physiques avec leur médecin traitant.
o 60% des Français seraient prêts à téléconsulter pour une question de routine pour leur enfant.
o 61% des Français seraient prêts à téléconsulter pour obtenir rapidement un premier avis médical, suite à un problème de santé rencontré ponctuellement.
o 85% des médecins généralistes et 72% des patients estiment que la télémédecine est une tendance médicale de fond.
o 3 médecins sur 4 sont aujourd’hui favorables au développement de la télémédecine.
Les principaux avantages :
Pour les médecins : un système de santé plus efficient
o Développement de l’aspect préventif du système de santé (pour 83% des médecins généralistes et 85% des spécialistes).
o Lutte contre les conséquences de la désertification médicale (pour 82% des médecins généralistes et 77% des spécialistes).
o Accès facilité à des médecins spécialistes (pour 77% médecins généralistes et 79% des spécialistes).
Pour les patients : un meilleur accès au parcours de soins
o Désengorgement des cabinets médicaux et diminution des délais d’attente (pour 79% des Français).
o Lutte contre les conséquences de la désertification médicale (pour 69% des Français) (pour 69% des Français).
o Accès à des consultations avec des médecins que les patients n’auraient jamais consultés avant (pour 71% des Français).
Enquête réalisée par Ipsos auprès d’un échantillon de 1011 individus représentatifs de la population française ainsi que de 101 médecins généralistes libéraux et 56 médecins spécialistes. Ils ont été interrogés par Internet du 29 mars au 9 avril 2018. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération pour le grand public et sexe, âge, région, catégorie d’agglomération, spécialité médicale et mode d’exercice pour les professionnels de santé.
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