Un avenir prometteur pour le cacao
L'appellation botanique du cacaotier, Theobroma cacao, provient du terme grec Theo qui signifie Dieu et Broma qui signifie aliment. Rien d'étonnant alors à ce que le cacao soit appelé "la nourriture des dieux" et vénéré depuis des centaines d'années. Satisfaire l'appétit croissant de la population mondiale pour le chocolat constitue une étude de cas intéressante pour le développement d'une agriculture prometteuse.
Satisfaire l'appétit croissant de la population mondiale pour le chocolat constitue une étude de cas intéressante pour le développement d'une agriculture prometteuse.
Aujourd'hui, plus de 20 millions de personnes dans le monde dépendent directement de la culture du cacao pour assurer leur existence. Presque 90 % de la production de cacao provient de petites exploitations de moins de 5 hectares. L'utilisation d'agents de fertilisation est limitée mais celle des insecticides et des fongicides est nécessaire en raison de l'importance des parasites et de la fréquence des maladies. On estime en effet qu'environ 30 % des récoltes de cacao dans le monde sont perdus du fait de ces parasites et de ces maladies. Cependant, un traitement chimique n'est pas toujours possible, soit du fait de la nature des parasites soit plus simplement parce que les produits chimiques sont trop coûteux pour la plupart des cultivateurs. L'utilisation de produits chimiques doit en tout état de cause être limitée afin de réduire la pollution de l'environnement et les risques pour la santé des agriculteurs.
La rareté croissante de zones de cultures appropriées représente une difficulté supplémentaire pour la culture du cacao. L'augmentation de la production du cacao, qui est passée de 1,5 millions de tonnes en 1984 à 2,7 millions de tonnes en 1998, est presque entièrement due à une extension des zones de production, mais la productivité au mètre carré est restée faible. Les nouvelles zones de production ont été pour la plupart aménagées en défrichant des forêts, qui deviennent de plus en plus clairsemées. Dans le même temps, de nombreuses exploitations plus anciennes ne disposent plus que d'arbres âgés, au faible rendement et qu'il conviendrait de remplacer.
Résistance intégrée
Les organismes de recherche et les industriels utilisateurs de cacao recherchent des solutions à ces problèmes. Le maintien attendu de la prédominance des petites exploitations rend impossible l'introduction d'améliorations technologiques qui reposent sur une importante augmentation des investissements financiers, d'autant plus lorsque la tendance des prix du cacao est à la baisse. En vue de surmonter les difficultés que rencontrent les producteurs de cacao, l'introduction et l'utilisation de variétés plus productives résistant aux parasites et aux maladies est, de ce fait, l'une des innovations les plus efficaces, les moins chères et les moins agressives pour l'environnement. Le cacaotier présentant une auto-résistance à la plupart des maladies et parasites n'existe pas encore. Néanmoins, les plants actuellement cultivés disposent généralement d'un fort potentiel génétique de résistance.
Travail d'équipe
Il existe plusieurs programmes internationaux dont l'objectif est de développer des méthodes de production de cacao améliorées et plus prometteuses. Des organismes de recherche en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis visent un but commun tout en se spécialisant chacun dans des aspects spécifiques.
Au cours des dernières années, de nouvelles techniques ont été développées, qui sont susceptibles d'apporter à terme une contribution importante à la création de variétés améliorées assurant de meilleurs rendements. Des collections de plants de cacao, telle que celle qui existe à Trinidad, ont été constituées et, depuis la fin des années 1970, des efforts systématiques ont été faits pour en analyser le matériel génétique, principalement par l'observation de ses caractères morphologiques.
Le développement de la technologie du marqueur ADN a révolutionné cette pratique, en permettant de mieux comprendre la diversité génétique de ces collections. A côté de cette compréhension de la biodiversité, ces techniques peuvent également être utilisées pour identifier les caractéristiques des arbres qui présentent une résistance accrue aux maladies. A titre d'exemple, un projet de collaboration entre des instituts de recherche en France et dans des pays producteurs se propose d'identifier les espèces qui présentent une résistance accrue à la putréfaction de la cosse de Phytophtora (PPR), importante maladie fongique du cacao. Ces arbres peuvent être utilisés dans des programmes de reproduction traditionnels ou multipliés par clonage, pour fournir aux agriculteurs des plants au rendement meilleur et leur assurer un avenir plus prometteur.
L'intégration de tous ces nouveaux développements dans un programme de reproduction moderne représentera une contribution majeure à l'amélioration de la production du cacao.
"EUFIC, Le Conseil Européen de l'Information Alimentaire",Mai 1998
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