Une étude sur l'attitude des patients en phase terminale face à l'euthanasie
Des médecins canadiens ont interrogé des patients cancéreux en phase terminale sur leur sentiment face à l'euthanasie ou au suicide médicalement assisté. Parmi les personnes interrogées, 73 % se sont déclarées favorables à la légalisation de l'euthanasie, la douleur et le droit de l'individu étant les principales raisons invoquées.
Cette étude a été menée par K. Wilson (Centre de Réhabilitation d'Ottawa) et plusieurs collaborateurs médecins. Ces auteurs ont interrogé 70 patients cancéreux (32 hommes et 38 femmes) en phase terminale. La survie médiane était de 44,5 jours. Leur étude est parue dans le dernier numéro de la revue Archives of Internal Medicine.
Les auteurs distinguaient l'euthanasie et le suicide médicalement assisté. L'euthanasie était définie comme l'action par laquelle "un médecin donne une surdose d'un médicament pour mettre fin volontairement à la vie du patient. Ceci se fait seulement avec des patients qui ont demandé à leur médecin de les aider à mourir de cette façon".
Le suicide médicalement assisté était défini par le fait qu'un "médecin fournisse des médicaments et conseils, de façon à ce que le patient puisse commettre un suicide. Le médecin n'injecte pas le médicament, mais donne plutôt au patient les moyens de mettre fin à ses jours".
Au début de l'étude, 150 patients en unité de soins palliatifs ont été retenus et 80 (53 %) ont refusé d'y participer. La plupart des participants (73 %) "pensaient que l'euthanasie ou le suicide médicalement assisté devraient être légalisés, citant la douleur et le droit individuel de choisir comme leurs raisons majeures", rapportent les auteurs.
Les convictions religieuses ou les objections morales étaient les principaux motifs avancés par les opposants à la légalisation.
Cinquante-huit pour cent (58 %) des 69 personnes qui ont complété l'étude auraient souhaité avoir recours à une mort accélérée si ces procédures étaient légales, particulièrement si la douleur ou les symptômes physique devenaient intolérables.
Au moment de l'interview, 8 personnes (12 %) auraient demandé que l'on accède à leur demande. Les médecins notent que ces patients différaient des autres malades par un état psychologique plus marqué : perte de plaisir ou d'intérêt pour différentes activités, désespoir et désir de mourir. Ils présentaient plus de troubles dépressifs mais avaient des douleurs aussi sévères.
"Cette étude est la première à avoir directement examiné l'attitude de patients qui approchent de la mort en raison d'un cancer avancé", déclarent Wilson et ses collaborateurs. Selon eux, il aurait été préférable de recueillir plus de 47 % des réponses des personnes initialement retenues, les personnes ayant refusé pouvant avoir une opinion significativement différente.
"De nombreux patients avec un cancer avancé sont en faveur de mesures qui leur permettraient d'accéder à l'euthanasie ou au suicide médicalement assisté si la douleur et les symptômes physiques devenaient intolérables", concluent les auteurs. "Nos résultats indiquent que ce n'est pas nécessairement une extrême détresse physique qui motive ce désir". La dimension psychologique de la souffrance de l'individu paraît également essentielle.
Source : Arch Intern Med. 2000;160:2454-2460
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