La sclérose latérale amyotrophique
Définition
La Sclérose latérale amyotrophique aussi appelée en France maladie de Charcot du nom de celui qui la décrit pour la première fois en 1865, est une maladie neurodégénérative d'étiologie inconnue touchant les motoneurones de la corne antérieure de la moelle épinière, du tronc cérébral et du cortex. Les localisations anatomiques de la dégénérescence rendent compte de la symptomatologie neurologique uniquement motrice. C'est une affection mortelle et incurable : le décès survient en moyenne dans les deux à cinq ans suivant le diagnostic et est d û, dans la grande majorité des cas, à un trouble respiratoire, aggravé par une surinfection bronchique.
Nom de la maladie et ses synonymes : sclérose latérale amyotrophique (SLA), maladie de Charcot, Motor Neuron Disease (Royaume-Uni), maladie de Lou Gehrig (USA).
Epidémiologie
- La sclérose latérale amyotrophique est la maladie
neurodégénérative la plus fréquente juste après la maladie
d'Alzheimer.
- Il y a près de 120 000 cas de SLA diagnostiqués chaque
année dans le monde, soit 328 nouveaux cas chaque jour.
- En France, quelques 8 500 personnes sont touchées par la
sclérose latérale amyotrophique, principalement des adultes
entre 40 et 60 ans avec une augmentation nette de la
fréquence chez les adultes jeunes.
- L'incidence est aux alentours de 800 nouveaux cas par
an.
- L'espérance de vie d'une personne atteinte de la SLA est
aujourd'hui d'environ deux à cinq ans à partir du moment où
la maladie a été diagnostiquée.
- Actuellement, la moitié des personnes atteintes vivent plus
de trois ans après le diagnostic. Environ vingt pour cent
vivent cinq ans ou plus, et plus de dix pour cent survivront
plus de dix ans. Un mince pourcentage des personnes atteintes
vivront jusqu'à vingt ans après le diagnostic, avec des
plateaux à différents stades de la maladie.
- Certaines régions du globe se caractérisent par une
incidence accrue de SLA. C'est notamment le cas dans
certaines îles de Nouvelle-Guinée et du Japon où l'incidence
est jusqu'à 100 fois supérieure à l'incidence occidentale.
Des hypothèses ont été élaborées pour expliquer ce phénomène
: hypothèses environnementales toxiques (une toxine a
d'ailleurs été mise en évidence dans les graines de
faux-palmier).
- Selon le territoire neurologique touché, la SLA peut donner
lieu à deux formes cliniques : la forme spinale débute par
l'atteinte d'un membre - elle représente deux tiers des cas
et affecte le plus souvent les hommes vers 55 ans - et la
forme bulbaire qui représente un tiers des cas et atteint
préférentiellement les femmes vers 60-65 ans. Dans
8% des cas, on peut parler de formes familiales.
Hypothèses sur les mécanismes physiopathologiques de la SLA
- Le stress oxydatif
Il existe une forme familiale de la SLA. C'est une affection
héréditaire transmise sur un mode autosomique dominant et
cliniquement impossible à distinguer d'une SLA sporadique. A
noter qu'il existe aussi une forme récessive de SLA génétique
: elle débute dans l'enfance et se caractérise par une survie
plus prolongée.
Il y a quelques années, l'étude des cas familiaux a permis la
découverte d'un mécanisme impliqué dans la maladie : le
stress oxydatif. On a découvert que des formes familiales
étaient dues à des mutations du gène de la superoxyde
dismutase (SOD) cuivre/zinc. D'après les dernières
recherches, l'accumulation de la forme mutée de ce gène
impliqué dans environ 2,5 % des formes familiales de SLA
serait à l'origine des symptômes de la maladie par
acquisition d'une fonction nouvelle toxique. Les processus
soupçonnés : toxicité des ions cuivre ou zinc révélée par la
mutation, intervention de la SOD mutée dans certains
mécanismes apoptotiques.
Voir
dépêche de caducee.net : Du nouveau dans la compréhension de
la mort neuronale observée dans la sclérose latérale
amyotrophique, 14/03/2002.
- Dérégulation de l'expression du VEGF
(vascular endothelial growth factor)
Les travaux de chercheurs belges ont apporté de nouveaux
éléments sur l'origine de la SLA. La dégénérescence sélective
des motoneurones à l'âge adulte peut-être causée par une
dérégulation de l'expression du VEGF.
Voir
dépêche de caducee.net : Sclérose latérale amyotrophique :
sur la piste du VEGF et de l'hypoxie, 30/05/2001.
- Théorie de l'excito-toxicité
Un niveau trop élevé de glutamate dans la fente synaptique
serait la cause d'un épuisement cellulaire suite à une
hyperactivité du système excitateur.
Deux pistes sont actuellement envisagées : anomalie du
récepteur Glu-R2 du glutamate, anomalie du transporteur du
glutamate sur les cellules gliales qui en diminuerait la
recapture.
L'efficacité du riluzole (Rilutec) qui inhiberait le
processus glutaminergique vient en tout cas appuyer cette
hypothèse.
Voir
dépêche de caducee.net : Mutation d'un transporteur du
glutamate et dégénérescence du motoneurone dans la sclérose
latérale amyotrophique (SLA), 17/10/2000.
- Théorie du dysfonctionnement de
l'apoptose
Dans le cas de la SLA, les mécanismes de mort cellulaire se
déclencheraient, pour une raison qu'on ignore, trop tôt et
trop rapidement par rapport au vieillissement normal du reste
du corps.
Diagnostic de la SLA
Manifestations cliniques
Les manifestations des maladies des motoneurones sont variables et fonction de l'atteinte préférentielle des neurones moteurs centraux ou périphériques. On peut mettre en évidence :
- Les formes bulbaires qui intéressent les muscles
bulbaires
Les premiers symptômes sont une difficulté à mâcher, à
déglutir et à mouvoir la face et la langue. L'atteinte
précoce des muscles respiratoires peut conduire à une
défaillance respiratoire avant un stade très avancé de la
maladie.
Quand l'atteinte corticospinale est prédominante, il existe
une hyperactivité des réflexes musculaires d'étirement
(réflexes tendineux) et souvent une résistance spastique aux
mouvements passifs des membres atteints ainsi qu'une
exagération des expressions motrices de l'émotion aboutissant
à des pleurs et à un rire involontaire.
- Et les formes
périphériques (destruction des neurones moteurs
périphériques)
La maladie s'exprime d'abord typiquement par le développement
d'une faiblesse asymétrique, en général d'abord évidente à
l'extrémité d'un membre. L'anamnèse attentive pourra souvent
retrouver l'apparition récente de crampes lors de mouvements
volontaires typiquement dans les premières heures de la
matinée. La fatigabilité créée par la dénervation est
associée à : une amyotrophie progressive et une fonte
musculaire, des secousses spontanées des unités motrices ou
fasciculations, surtout au début.
En thérorie, la maladie peut débuter au niveau de n'importe quel groupe musculaire mais, avec le temps, de plus en plus de muscles sont touchés et à la fin la répartition de l'atteinte devient symétrique. Dans la SLA, ce qui est caractéristique est en définitive l'atteinte des deux catégories neuronales (motoneurones centraux et périphériques). Même dans les formes avancées de la maladie, les fonctions sensitives, sphinctériennes et intellectuelles sont préservées. La démence n'est pas actuellement un signe de SLA quoiqu'elle puisse survenir chez un petit groupe de patient.
L'évolution de la maladie est inéxorablement progressive et conduit finalement au décès (habituellement par paralysie respiratoire).
Examens complémentaires
- Examens biologiques : ils sont le
plus souvent normaux.
- Analyse du liquide
céphalo-rachidien : il peut révéler la présence
d'une discrète hyperprotéinorachie.
- Recherche de toxiques (plomb, arsenic
et aluminium) : permet d'éliminer certaines pathologies
auto-immunes, infectieuses et dysglobulinémiques.
- Electromyogramme (EMG) avec mesures
des vitesses de conduction nerveuse : c'est un examen
essentiel car il confirme l'atteinte neurogène périphérique
et précise sa diffusion. Un ensemble d'arguments permettront
d'évoquer une lésion du motoneurone.
Diagnostic différentiel
La sclérose latérale amyotrophique étant actuellement
incurable, il est fondamental d'éliminer toutes les causes
potentiellement curables de dysfonctionnement du neurone
moteur.
Les signes atypiques qui devraient alerter le clinicien
comprennent :
- l'atteinte limitée aux neurones moteurs centraux ou aux
neurones moteurs périphériques,
- l'atteinte d'autres neurones que les neurones
moteurs,
- l'existence de blocs de conduction nerveuse sur les études
électrophysiologiques.
- Une compression de la moelle cervicale ou de la jonction
bulbomédullaire peut parfois donné lieu à un déficit, à une
amyotrophie, à des fasciculations des membres supérieurs, à
une spasticité des membres inférieurs qui ressemblent de très
près à une SLA.
- La neuropathie motrice multifocale avec blocs de conduction
segmentaire est un autre diagnostic différentiel de la
SLA.
- Une neuropathie axonale motrice distale peut simuler la SLA
(hémopathie, lymphome, maladie de Lyme)
- D'autres maladies curables qui occasionnellement peuvent
mimer la SLA sont l'intoxication chronique par le plomb et la
thyrotoxicose mais aussi les fasciculations bénignes (sans
amyotrophie ni signe de dénervation), la poliomyélite.
Critères diagnostiques de la sclérose latérale amyotrophique d'après laWorld Federation and Neurology Committee on Neuromuscular diseases
Le diagnostic de la SLA sporadique nécessite la présence des trois éléments suivants :
- une atteinte du motoneurone central,
- une atteinte du motoneurone périphérique,
- une évolution vers l'aggravation.
Le diagnostic de SLA sporadique nécessite l'absence :
- d'atteinte sensitive ou sensorielle,
- d'atteinte sphinctérienne,
- d'atteinte de la motricité oculaire,
- de maladie de Parkinson,
- d'atteinte du système nerveux autonome,
- de démence,
- de signes en faveur d'une maladie du motoneurone autre que
la SLA.
Traitement
Il n'y a pas de traitement de la sclérose latérale amyotrophique. Les traitements actuels ne visent qu'à ralentir l'évolution de la maladie, prévenir les complications et maintenir la qualité de vie du patient à un niveau optimum.
Traitement étiologique
Seul le riluzole, créé spécifiquement pour
la SLA a l'autorisation de mise sur le marché. Il est
commercialisé par la compagnie Rhône-Poulenc Rorer sous le
nom de Rilutek®. Il prolonge la survie des
patients de quelques mois.
- Propriétés : il bloque la neurotransmission
glutaminergique dans le système nerveux central et inhibe la
diffusion de l'acide glutamique dans des cultures de
neurones. Il possède aussi des propriétés anticonvulsivantes
et sédatives.
- Posologie : 100 mg/jour (50 mg toutes les 12
heures).
- Ses effets secondaires sont la nausée, un
ralentissement de la fonction respiratoire, des troubles
hépatiques modérés et des maux de tête.
Traitement symptomatique
- les crampes
Le Magnésium peut les atténuer au début. Mais la règle reste
l'Hexaquine. Quand la symptomatologie est intense, la
Cordarone peut soulager le patient.
- rire et pleurer spasmodique
Les antidépresseurs tricycliques, notamment l'amitryptiline,
permettent de corriger la labilité émotionnelle.
- la salivation
Elle survient lorsque la déglutition automatique n'a plus
lieu. La salive s'écoule donc naturellement par les
commissures labiales, favorisée en cela par la parésie
faciale. L'amitryptiline ou la scopolamine peuvent soulager
le patient mais leur efficacité est inconstante.
Prise en charge
Il faut prodiguer des soins importants au patient afin d'améliorer son confort, sa qualité de vie : la kinésithérapie, l'orthophonie, la diététique, l'inhalothérapie...
Actuellement, moins de 10 % des patients sont diagnostiqués dans les 6 mois suivant l'apparition des symptômes, 22 % après plus d'un an et 18 % après plus de 18 mois : difficile quand on sait que la maladie évolue pour la moitié des patients en moins de 3 ans. Une prise en charge thérapeutique précoce est donc indispensable.
Pour en savoir plus
Les dépêches
Les dépêches de caducee.net sur la sclérose latérale
amyotrophique
Les Sites d'information générale
Info-SLA
Site Web francophone consacré à la Sclérose Latérale
Amyotrophique : documentation sur la maladie, interactions,
ressources, hommages aux victimes.
Sclérose Latérale Amyotrophique
Définition, facteurs responsables de la maladie, sémiologie,
formes cliniques, démarches diagnostiques, pronostic, prise
en charge thérapeutique.
Cours de Neurologie (DC3) rédigé par le Pr. J. Emile, faculté
de médecine d'Angers.
La sclérose latérale amyotrophique
Comment se définit la sclérose latérale amyotrophique ?
Comment les malades sont-ils pris en charge ? Quelles sont
les hypothèses sur l'origine de la maladie ?
Dossier de la Fondation pour la recherche médicale. Réalisé
en collaboration avec Bertrand Fontaine et Vincent Meininger
de la Fédération de Neurologie, Groupe Hospitalier de la
Pitié-Salpêtrière, Paris. Mars 1998.
Sclérose latérale amyotrophique
Définition, intérêt, physiopathologie, la forme typique, les
formes cliniques, les formes frontières, diagnostic
différentiel, évolution et pronostic, traitement.
Dossier de Medinfos.
Voir le document
Guide de l'alimentation entérale à domicile pour les
patients atteints de sclérose latérale
amyotrophique
L'alimentation entérale et vous, déroulement de
l'alimentation entérale, considérations visant le contrôle
des infections, administration des médicaments, soins
personnels, résolution de problèmes, bibliographie.
Par le centre d'information pour les personnes atteintes de
troubles neurologiques - Hôpital et Institut neurologiques de
Montréal. Document disponible au format pdf.
Amyotrophic Lateral Sclerosis (site en
anglais)
Service Medline plus : dernières news, informations
générales, essais cliniques, diagnostic / symptômes,
recherche, organisations, newsletter, statistiques...
Dernière mise à jour : 13 novembre 2001.
Voir le document
Amyotrophic Lateral Sclerosis : Lou Gehrig's
Disease (site en anglais)
Cas illustratifs, pathologie, épidémiologie, étiologie,
caractéristiques cliniques, diagnostic, management,
traitement, thérapies.
Par Anne D. Walling, M.D., University of Kansas School of
Medicine, Wichita, Kansas. Article publiée par l'American
Academy of Family Physicians, 15 mars 1999.
Voir le
document
Traitement
Problèmes respiratoires chez les patients atteints de
sclérose latérale amyotrophique : Options
thérapeutiques
"Les maladies neuromuculaires ont souvent besoin d'un
"environnement" respiratoire spécifique, particulièrement la
sclérose latérale amyotrophique. Prise de position du groupe
de travail pour la ventilation à domicile.
Med Suisse N° 39, 26 septembre 2001. Document disponible au
format pdf.
Associations, Fédération, Société
ARS
Association pour la recherche sur la sclérose latérale
amyotrophique.
Voir le
document
ALS France - Service de neurologie et maladies
neuromusculaires
L'Associations Lutte et Soutien - Maladies du Motoneurone
s'est créée afin d'essayer de venir en aide aux malades pour
rétablir la communication interrompue par la maladie.
Présentation de l'association, la SLA, traitements,
communication, liens utiles, publications.
ALS Association (site en anglais)
Sur le site de l'association ALS : présentation et missions
de l'association, informations sur la maladie, news.
Voir le
document
World Federation of Neurology Amyotrophic Lateral
Sclerosis (site en anglais)
Site sponsorisé par the World Federation of Neurology
Research Group on Motor Neuron. Nombreuses informations : le
journal ALS (Amyotrophic Lateral Sclerosis and Other Motor
Neuron Disorders), les publications sur la recherche et le
traitement, les essais cliniques, les conférences.
Voir le
document
Société de la sclérose latérale
amyotrophique du Québec
Organisme communautaire à but non lucratif dont la mission
est exclusivement vouée à l'amélioration des conditions de
vie des personnes souffrant de SLA et au soutien des membres
de leur famille.
Voir le
document
#COVID-19 : le point de situation épidémiologique sur le coronavirus SARS-CoV-2
Descripteur MESH : Sclérose , Neurones , Maladie , Sclérose latérale amyotrophique , Apoptose , Riluzole , Stress oxydatif , Motoneurones